The Last Shift

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 25 septembre 2020

Critique.

Texte.
Élie Castiel

★★★

Des documents, des courts et ce premier long métrage de fiction parrainé par deux grands noms de l’univers Hollywood, Alexander Payne (Downsizing / Petit format, 2017… ) comme coproducteur et Richard Jenkins, formidable acteur aux seconds ou principaux rôles involontairement pusillanimes car à chaque fois, il donne le meilleur de lui-même, s’en tenant aux moindres faits et gestes de ses personnages, comme si l’art de l’interprétation se résumait en quelques mots : « se mettre dans la peau de… ». Même s’il a été nommé à deux reprises aux Oscars. Car surtout, Jenkins est d’une droiture et d’une morale exemplaires.

Différences irréconciliables

Et derrière tout cela, un grand nouveau réalisateur, de ceux que Sundance (où le film a participé cette année) affectionne davantage car les protagonistes représentés sont ceux du petit peuple, de la majorité pas toujours silencieuse qu’on le prétend – de nos jours, elle s’exclame de plus fort, nous en avons la preuve quotidiennement – de ces petites gens qui alimentent ce qu’on appelle en Grande-Bretagne les Kitchen sink dramas.

Et c’est à travers leurs mœurs, leurs habitudes, leurs valeurs, leur conditionnement social et le manque parfois innocent d’idéologie politique que ces hommes et femmes traversent une Amérique à la fois insolite, inquiète et tourmentée, mais qui excite encore la convoitise des étrangers.

L’établissement de fast food, celui où le légendaire Hamburger demeure constamment la vedette et peut servir, lorsque encore gelé, de rondelle (pour ne pas dire « puck ») de hockey avant la fermeture. Une petite partie entre deux, seul lien qui les unit. L’un est Blanc, l’autre est Noir. L’un est plus vieux, l’autre est jeune et aspire à un avenir plus lumineux. L’un a une idée anachronique de l’existence; l’autre constate qu’il y a une lueur d’espoir au bout du tunnel.

The Last Shift est une ode mélancolique à une Amérique encore dans son éternelle adolescence et qui ne tient pas à atteindre la maturité, mais également un lieu où le désert des âmes semble constituer sa force majeure. D’où le terrible et en même temps majestueux paradoxe de l’être.

Trêve de détails pour un film à la mise en scène d’un minimalisme brillant, s’en tenant aux frontières de cette cet endroit mythique de l’Amérique, une terre de consommation à haute vitesse, de malbouffe et plus que rien de voir le temps passer avant de s’en aller librement pour s’occuper ou de soi-même ou de ses proches de peur qu’ils ne soufflent leur dernier soupir.

Mais bien plus que tout, Andrew Cohn sait filmer sereinement, sans grands renforts, la tendresse, la solitude, l’amitié qu’on désire mais qu’on obstrue au nom de quelque chose qu’on n’arrive pas à saisir. The Last Shift est une ode mélancolique à une Amérique encore dans son éternelle adolescence et qui ne tient pas à atteindre la maturité, mais également un lieu où le désert des âmes semble constituer sa force majeure. D’où le terrible et en même temps majestueux paradoxe de l’être.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Andrew Cohn

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2020 – Durée : 1 h 30 min

Langue(s)
V.o. : anglais
The Last Shift

Dist. @
Columbia Pictures

Classement
TOUS publics

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]