Adieu Monsieur Haffmann

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 06 mai 2022

SUCCINCTEMENT.
Paris 1941. François Mercier, employé d’un joaillier talentueux, M. Haffmann, Juif de surcroît, conclut avec son patron un accord qui aura des conséquences dramatiques.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

Le joaillier

La pièce du Français Jean-Philippe Daguerre a été, outre la France, adapté au Québec dans une brillante mise en scène de Denise Filiatrault (voir ici.). Au cinéma, Fred Cavayé (entre autres, Le jeu, 2018, version hexagonale de Perfetti Sconosciuti de l’Italien Filipo Bologna, adapté dans plusieurs versions internationales), investit le cinéma en prenant, à raison, quelques libertés qui rendent la proposition cinématographique stable, guidée par les propres besoins du médium qu’elle utilise. Ça se voit dans les mouvements de caméra, les différents lieux de tournage même si on sent le studio et un rapport entre la caméra et les personnages des plus complices et engagés.

Le théâtre est autre et il faut être inventif pour que l’ensemble soit vraiment crédible. Paris réussi pour le Rideau Vert.  Le cinéma participe toutefois à un investissement complet de l’espace qui lui permet de subjuguer l’action, de la posséder pour y déceler ses moindres affectations.

Le jeu des personnages, avec un Daniel Auteuil au meilleur de sa forme et un Gille Lellouche hallucinant, changeant de registre selon les circonstances, par vraiment coupable de ses gestes, mais en position de survie, non pas par lâcheté mais contre une guerre qui oblige les gens à la déraison.

Aller sans retour.

Il y a également Sarah Giraudeau, multiple dans son jeu de Blanche Mercier, aux gestes quasi fantomatiques comme si elle traversait un non man’s land qui lui est totalement étranger. Elle s’en tire avantageusement comme si, du coup, elle se rendait compte des véritables enjeux d’un situation, de prime abord, inextricable.

Les trois participent ainsi à donner un certain souffle qui manque peut-être dans l’ensemble. À moins que Cavayé l’ait voulu ainsi pour dissuader que la mise en scène au cinéma n’est pas un excercice de tout repos et participe à inventer des formes qui peuvent nous sembler disparates, confuses, incohérentes.

Malgré les divers terrains où se déroule l’action, on assiste à un véritable huis clos qui a pour intention d’ausculter l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus contradictoire. Nous sommes dans un espace de tous les contraires : solidarité et individualisme, pouvoir et soumission, éthique et inconscience. Des antagonismes qui parfois se croisent selon les événements.

Entre la boutique de quartier de Joseph Haffmann (devenue « Mercier ») et le chemin menant vers l’incertain, un grand point d’interrogation qui remet en perspective avec un ton intentionnellement suranné la pire période de l’Histoire de France du XXe siècle.

Mais c’est aussi le désarroi des Français de confession juive durant ces années de plomb, leur traque, ici montrée fugitivement comme si quelques images suffisaient pour rendre compte de la situation. La pièce évite, pour de bonnes raisons, ce détail.  Le cinéma se le permet, comme il se permet également des gros plans en légère contre-plongée sur les bijoux qu’on crée, un véritable travail d’orfèvre que Cavayé montre avec délectation, comme s’il fallait ainsi élaborer sur la description des deux principaux personnages, Haffmann et Mercier.

Entre la boutique de quartier de Joseph Haffmann (devenue « Mercier ») et le chemin menant vers l’incertain, un grand point d’interrogation qui remet en perspective avec un ton intentionnellement suranné la pire période de l’Histoire de France du XXe siècle.

Et pourquoi pas ajouter que Fred Cavayé ne fait allusion à aucun grands du cinéma. Il rend le film « sien », par conviction ou pure nécessité.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Fred Cavayé

Scénario
Fred Cavayé
D’après la pièce de Jean-Philippe Daguerre

Direction photo
Denis Rouden

Montage
Mickael Dumontier
Stéphane Garnier

Musique
Christophe Julien

Fred Cavayé.
Retransposer selon son propre instinct.

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2021 – Durée : 1 h 56 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Farewell, Mr. Haffmann

Dist. [ Contact ] @
A-Z Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]