Advocate
PRIMEUR
Sortie
vendredi 14 février 2020
SUCCINCTEMENT
À Tel-Aviv, l’avocate de confession juive Lea Tsemel assure la défense de prisonniers politiques musulmans, en s’élevant au-dessus du conflit israélo-palestinien.
COUP DE CŒUR
de la semaine
Élie Castiel
★ ★ ★ ★ ½
Un conflit qui s’éternise et trace énergiquement les minces lignes de démarcation entre arabophobie et antisémitisme. Un lieu du monde où les conflits se perdent dans la nuit des temps entre deux peuples qui revendiquent l’espace social, géographique et politique.
Et dans ce lieu des exils, des incongruités, une femme captivante, avocate, pour de nombreux Israéliens, notamment de la droite, « du diable », défendant par choix humaniste, certaines des nombreuses causes légales palestiniennes. Et pourtant, force est de souligner son attachement au pays, mais sous un autre régime gouvernemental, là où la démocratie règne suprême comme dans celle inventée dans l’Antiquité.
Les bonnes causes
Qui a tort? Qui a raison? Toujours est-il que Tsemel lutte contre les abus de pouvoir, les confiscations, les fausses accusations, une vision du pays qui ne recule devant rien dans ce paysage israélo-palestinien toujours dans le brouillard. Le film aborde deux cas en particulier que les documentaristes filment parfois par le biais de l’animation grâce à la rotoscopie. Par demande de certains des protagonistes filmés ne voulant pas montrer leur visage. Tant et aussi longtemps que durera la colonisation, les prises illégales de nouvelles terres, le conflit va persister. Tant et aussi longtemps que les craintes le plus souvent excessives des autorités israéliennes persisteront dans le spectre sociopolitique, l’insurgence, elle aussi violente, des Palestiniens, ne cessera point.
Le parti pris des documentaristes Jones et Bellaïche est bien clair – en finir avec une occupation illégale qui ne cesse d’empirer. Mais ils ont choisi la forme anti-militante en mettant en scène une femme dont l’idéologie démocratique s’attache à la non-violence. Des documents d’archives magnifiquement choisis montrent qu’elle a commencé sa lutte il y a quelques décennies. Tsemel a conservé, jusqu’à aujourd’hui, la même détermination, le même courage. Une volonté extraordinaire.
Un document essentiel, précieux. Brillant dans sa forme. Humaniste dans son propos. Rencontre inattendue avec une femme remarquable qui se débrouille toujours pour avoir le dernier mot, malgré les risques que cela comporte.
Comme c’est le cas, jusqu’à un certain point, de son bras droit dans ce jeu qui ressemble plus à un puzzle insolvable, l’avocat israélo-palestinien Tareq Barghout. Mais un carton au générique final indique qu’il a été arrêté en 2019, accusé de terrorisme; il menait apparemment une double vie. Pacifique le jour, entretenant des relations douteuses le soir. Lea Tsemel a décidé de le défendre pour extraire, comme il se doit pour tout avocat qui se respecte, les dessous de cette double affiliation. Mais ceci est une autre histoire. Se battre pour des causes auxquelles on croit mordicus.
Un document essentiel, précieux. Brillant dans sa forme. Humaniste dans son propos. Rencontre inattendue avec une femme remarquable qui se débrouille toujours pour avoir le dernier mot, malgré les risques que cela comporte.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Rachel Leah Jones
Philippe Bellaïche
Genre(s)
Documentaires
Origine(s)
Suisse
Israël
Canada
Année : 2019 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : anglais, arabe, hébreu; s.-t.a. ou s.-t.f.
Lea Tsemel, avocate
Lea Tsemel, Orehet Din
Dist. @
Filmoption International
Classement
Tous publics
En salle(s) @
[ Cinémathèque québécoise ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]