Alan Lake Factori(e)

CRITIQUE.
[ Danse ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

L’effritement des parades

   Trois mouvements qui finissent par s’amalgamer en une finale qui donne du sens à cette nouvelle création d’Alan Lake, avec la plénière complicité de ses interprètes faut-il ajouter ; pour une raison bien simple, autant Odile-Amélie Peters, Fabien Piché que David Rancourt ou Esther Rousseau-Morin contribuent individuellement, dans leur coin, mais que ça ne paraisse pas trop car tous et toutes nourri.es de ce sentiment de partage et encore mieux de correspondance.

Car dans cet Effritement des parades, c’est bien de cela qu’il s’agit – contribuer à une création imaginée, certes, par un seul cerveau artistique, Lake en l’occurrence, mais comme c’est le cas dans la danse contemporaine du nouveau siècle, non exempt de communion avec tous les artistes impliqués. Un acte des plus démocratiques même si parfois, ça peut provoquer, justement, des effritements.

Un premier mouvement qu’on pourrait classifier sans aucune gêne d’anti-chorégraphique. C’est voulu, assumé et c’est bien ce parti pris quasi obsédant qui permet aux spectateurs de s’intégrer dans cet univers particulier. Chez l’une des interprètes (Rousseau-Morin) qui affiche sa grossesse, la scène ou plutôt l’espace scénique est soudainement pris d’assaut par une physicalité qui ne recule pas devant l’effort physique qu’exigent ces mouvements. Rousseau-Morin excelle, confirme sa condition libératrice et se permet, aux yeux de certains, un chemin de traverse transgressif des plus inattendus. Souveraine dans tout ce qu’elle exécute.

De styles et de variations

Une certaine anti-chorégraphie énergisante.
Crédit : Nicolas Padovani

Un premier mouvement, certes, où les mouvements de la vie sont repris automatiquement, sans que l’imagination s’implique. Beaux moments, peut-être un peu trop longs, qui finissent en fin de compte par épater.

[ Une ] soudaine envie de partager un premier spectacle de la saison 2021-2022 à Danse Danse qui promet. Surtout lorsque sobriété et imagination vont de pair.

Et le deuxième élan, cette fois-ci, conquis par la dynamique chorégraphique un peu plus proche de la tradition, on s’entend format-danse-contemporaine. Édouard Lock et Louise Lecavalier sont évoqués avec émotion, sans trop d’insistance par contre, mais on pense à ces artistes mythiques de l’avant-garde. Les corps deviennent athlétiques, les formes se multiplient, les tonalités musicales s’affichent prenantes, la sensation d’ensemble poursuit une démarche qui ne tarit jamais. Immuable. Physique. Rigoureux.

Finalement une conclusion qui impose sa pyramide chorégraphique, un tryptique entre l’excès et la nuance, entre la liberté de bouger comme on le sent d’un moment à l’autre, quitte à bifurquer ; et cette soudaine envie de partager un premier spectacle de la saison 2021-2022 à Danse Danse qui promet. Surtout lorsque sobriété et imagination vont de pair.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Création 
Alan Lake

Chorégraphie
Alan Lake, avec la complicité des interprètes

Interprètes
Odile Amélie Peter, Fabien Piché

David Rancourt, Esther Rousseau-Morin

Musique
Antoine Berthiaume

Éclairages
Chantal Labonté

Scénographie
Julie Lévesque

Alan Lake

Production
Danse Danse

Durée
1 h 15 min

[ Sans entracte ]

Diffusion @
Place des Arts
[ Cinquième salle ]
Jusqu’au 23 octobre 2021
Également en webdiffusion les 22 et 23 octobre 2021

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]