Amal : Un esprit libre

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 27 septembre 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Amal, enseignante dans un lycée à Bruxelles, encourage ses élèves à s’exprimer librement. Avec ses méthodes pédagogiques audacieuses et son enthousiasme, elle va bouleverser leur vie. Jusqu’à en choquer certains.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Dedans

les murs fragiles

de la résistance

Pédagogiquement de circonstance, mais pas lorsqu’il s’agit d’une école publique, donc laïque, d’aujourd’hui, quelque part à Bruxelles et que la majorité des élèves de la classe d’Amal, une prof éprise de logique philosophique et de liberté, sont de confession musulmane, filles et garçons. Elle-même est musulmane, mais son conjoint ne l’est pas. Il y a donc péril dans la demeure. Et pour cause.

Peu importe, plutôt si, lorsqu’on accuse une jeune fille, musulmane de surcroît, de préférer les filles aux garçons. La suite, tout à fait prévisible : harcèlements en « présentiel », Internet haineux en forme de Jihad…

Et la prof qui, un jour, au lieu d’enseigner les grands classiques français, propose la lecture d’un poète arabe d’un autre siècle, Abū Nuwās, qui a vraiment existé et écrit ouvertement des vers à tendance homosexuelle, et que pour lui, cela n’était pas incompatible avec sa ferveur envers le Coran et l’Islam. Tremblements attendus en classe, chasse aux sorcières (la prof, Amal; l’élève, Monia). Fait à signaler, la grande majorité des Musulmanes ne portent pas le Jihab en classe, mais une fois à l’extérieur, se fondent dans les vertus qu’indique le Coran, ou n’est-ce pas plutôt les Hommes ?.

Il suffit de voir le tableau pour savoir de quoi il est question ?

En ce qui nous concerne, c’est notre première incursion dans le domaine cinématographique de Rhalib; et à en juger par Amal : Un esprit libre, un cinéaste atteint de rage envers le fondamentalisme, toutes religions confondues, puisque ce n’est pas seulement l’Islam qui est en cause, même si on sait, il ne faut pas se le cacher, qu’il s’agit de la foi qui engage le plus de renforts pour suivre les lois de la charia.

Là où le bât blesse, c’est bel et bien que le réalisateur ne va pas assez loin pour assumer son indignation face à la problématique dont il est question. L’affaire Samuel Paty l’a-t-il poussé à l’idée de ce film ? Quoi qu’il en soit, venant d’un réalisateur et coscénariste musulman, son courage et sa détermination sont doublement gratifiés.

Force est de souligner néanmoins que l’homophobie de plus en plus galopante n’est pas uniquement un phénomène issu de l’Islam, mais se manifeste dans les deux autres religions monothéistes et selon lesquelles si on suit à la lettre les préceptes de la foi, l’homosexualité, particulièrement la masculine, est une abomination.

Mais certaines sociétés ont évolué et d’autres pas. À vous de tirer vos propres conclusions. Chose certaine, tous ces pays qui l’interdisent la pratique en silence. Il suffit de ne pas se faire attraper.

Il est question de radicalisation, de perte d’autonomie, d’ignorer, à un certain point, les préceptes de la laïcité. N’est-ce pas assez pour soulever les passions face à un problème de plus en plus récurrent par les temps qui courent ? 

Si la mise en scène de Rhalib prône le démonstratif, parfois de façon extrême, c’est faire preuve d’ADN culturel propre aux habitants des pays d’Afrique du Nord ; dans son cas, il est né au Maroc. J’en sais quelque chose.

L’image de Lisa Willame (son premier long à la direction photo) est la plupart du temps très proche des personnages, comme s’il fallait s’emparer de leurs états d’âme, leur comportement, leurs gestes, tous ces ingrédients qui dévoilent leur pensée.

Quelques moments de grâce que je vous laisse le soin de découvrir, des interprétations qui frôlent parfois l’impro, mais parfaitement concrétisées, cette volonté d’affronter les accusateurs au plus-ou-moins Conseil de discipline.

Constat : même dans une école publique, la directrice semble avoir les mains liées. On se demande que serait-il arrivé s’il était question d’une affaire de viol ou de harcèlement sexuel ?

Il est question de radicalisation, de perte d’autonomie, d’ignorer, à un certain point, les préceptes de la laïcité. N’est-ce pas assez pour soulever les passions face à un problème de plus en plus récurrent par les temps qui courent ? 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jawad Rhalib

Scénario : Jawad Rhalib, Chloé Léonil;
d’après une idée de Jaward Rhalib
Direction photo : Lisa Willame
Montage : Nicolas Rumpi

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
Belgique / Maroc
Année : 2022 – Durée : 1 h 52 min
Langue(s)
V.o. : français, arabe; s.-t.f.
Amal

Jawad Rhalib

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique
[ Scope Pictures ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]