Anatomie d’un suicide
@ Usine C

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★

Un

texte sublime

servi par des

accords

parfois

discordants

Un texte brillant de la Britannique Alice Birch, adapté, comme d’habitude, par Maryse Warda, en québécois et en français universel. Un mélange bizarre qui brouille un tant soit peu l’ouïe; mais pour le spectateur, c’est une question, faut-il l’ajouter, d’adaptation ou non.

Une scénographique grandiose où les divers talents de la culture contemporaine théâtrale s’unissent pour transformer la grande scène d’Usine C (l’une des meilleures à Montréal) en un univers qui n’est pas sans rappeler celui du Grec Dimitris Papaioannou, semant le délire lors de ses passages dans la métropole.

Un souci lors de cette soirée de Première médiatique. Les voix n’étaient pas assez projetées, on avait du mal à suivre les relents d’un texte pourtant puissant, essentiellement humaniste. La dépression, le suicide et autres velléités semblables, véritable maux des siècles contemporains, le 20e (encore présent si l’on observe comme il faut) et le présent, qui cherche sans cesse sa voix et sa voie. Dans la pièce en question, des questionnements existentiels en ce qui concerne les femmes.

Trois époques, les années 1960, les 1990 et l’état actuel. Trois femmes au bord de la crise identitaire qui circule autour, de biais, de travers ou s’accrochant à un quelconque abris de fortune pour se tenir debout.

Une scénographique grandiose où les divers talents de la culture contemporaine théâtrale s’unissent pour transformer la grande scène d’Usine C (l’une des meilleures à Montréal) en un univers qui n’est pas sans rappeler celui du Grec Dimitris Papaioannou, semant le délire lors de ses passages dans la métropole.

Les comédiennes et les comédiens sont pieds nus, sur une superficie remplie d’eau. Un dispositif créatif qui, en soi, soulève la fragilité du corps (surtout des personnages féminin) et par associations, de l’esprit. La pièce, dans son ensemble, se déroulera dans cet appareillage quasi futuriste qui rende Anatomie d’un suicide un moment de théâtre aussi fortement original.

Une scénographique des plus conceptuelles.
Crédit : Charles-Olivier Royer

N’eût été de l’exubérante scénographie, de la brutalité magnifique des divers sons, de la brillance élégiaque du concept visuel du Japonais Ryoichi Kurokawa, le spectacle nous aurait paru long, voire irritant. Et pourtant, les participants à cet essai dramatique formel tentent par tous les moyens de rendre le verbe significatif, le propos intellectuellement engageant, même si par moments, le texte se soumet à des facilités de style.

Ce n’est que vers la fin que le mot « suicide » est prononcé, avec le plus grand détachement néanmoins. On réalise finalement que la proposition de Birch tient debout.

Et c’est à ce moment que Anatomie d’un suicide « prend vie » finalement, nous laissant un goût à la fois amer, mêlé pourtant de béatitude. Un véritable chœur féminin contemporain qui, de l’Antiquité, retient les moments les plus pathétiques.

C’est sans aucun doute le propos brutalement conciliant autant d’Alice Birch que des concepteurs du spectacle.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Texte
Alice Birch

Mise en scène
Brigitte Poupart

Assistance à la mise en scène
Erika Maheu Chapman

Distribution
Sariane Cormier

Amélie Dallaire
Larissa Corriveau
Guillermina Kerwin, Renaud Lacelle-Bourdon
Marie Bernier, Jean-François Nadeau
Alexis Lefebvre, Louis Carrière
ainsi que Marine Johnson

Scénographie / Lumières : Cédric Delorme-Bouchard
Costumes : Juliette Dubé-Tyler
Concept audiovisuel : Ryoichi Kurokawa
Concept vidéographique : Jean-Sébastien Baillat
Environnement sonore : Alexander MacSween

Durée
1 h 50 min
[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux moins de 13 ans
Diffusion & Billets @
Usine C
[ Salle 1 ]

Jusqu’au 7 décembre 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]