As Bestas
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 10 mars 2023
Antoine et Olga, un couple de Français, sont installés depuis longtemps dans un petit village de Galice. Ils ont une ferme et restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Tout devrait être idyllique mais un grave conflit avec leurs voisins fait monter la tension jusqu’à l’irréparable.
Le FILM
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
En ce qui nous concerne, une des nouvelles voix des plus imposantes du cinéma ibérique. Particulièrement depuis Madre (Mère / Mother), 2019. Un nom qu’il faut désormais retenir : Rodrigo Sorogoyen.
La
haine
texte
Élie CASTIEL
Et pour cause. En traitant d’un cinéma de genre, le triller par exemple, comme c’est le cas dans As Bestas, le cinéaste espagnol – petit-fils de Antonio del Amo, grand précurseur de mélodrames chantants grand public des années 50 et 60, notamment ceux mettant en vedette le petit prodige Joselito; mais bon, tout ça, c’est une autre histoire – déconstruit le genre en lui inventant quantité de réflexions narratives, parfois surabondantes, toujours foisonnantes, constamment propice à des soudains changements. Des situations qu’on n’attend pas. Des renversements qui annoncent le contraire de ce qui adviendra. Mais le tout dans le silence, quoique assourdissant, mettant les personnages, ces deux étrangers venus d’ailleurs, pour une bonne cause, dans une sorte de danger face à l’environnement, mais plus face à leurs voisins. Xénophobie, machisme toxique, ignorance, préjugés, autres « maladies » du siècle qui enferment, pourrissent l’existence, malmènent l’entente sociale. Une radiographie de notre nouveau siècle.
Filmé à Quintela de Barjas, dans la province de León, paysage filmé magnifiquement par Alejandro de Pablo – entre autres, La peau que j’habite (La piel que habito) d’Almodóvar, et Madre, du même Sorogoyen.
Le titre, lourd en significations, mais si propice aux débordements de ces protagonistes pervertis autant par la sauvagerie des lieux que par les actes de ces deux frères indignes.
Un carton au début annonce que pour préserver la vie en liberté des chevaux, les aloitadores les immobilisent avec leur corps. Ce qui suit est une preuve à l’appui où ces corps ne se retiennent guère. C’est mis en image avec une sensualité agressive, bercée d’une lutte entre l’animal et l’humain d’une force irrésistible.
Le plan-séquence a ici droit de cité. Il impose sa quadrature du cercle avec tout son symbolisme, sa signification métaphorique. Rodrigo Sorogoyen, en toute simplicité, même si le film offre un panorama complexe des situations, propose un film qui s’inscrit dans la pure lignée des « film d’auteur ». Jamais expression ne fut aussi claire.
Dans le même temps, cette magnifique séquence annonce celle de la fin de la première partie du film, qu’on ne dévoilera pas, plus anxiogène, haletante, sans retenue, d’un réalisme insoutenable.
Quant à la distribution, Marina Foïs impose son personnage (Olga), Denis Ménochet (Antoine) assume sa physionomie aussi intimidante que vulnérable; et deux acteurs formidables, Diego Anido (Lorenzo), au jeu doublement affranchi, et surtout Louis Zahera (Xan), tout à fait remarquable, volant, à mon avis, la vedette. Ses quelques champs contre/champs avec Antoine/Ménochet sont d’une rigueur rarement atteinte.
Le plan-séquence a ici droit de cité. Il impose sa quadrature du cercle avec tout son symbolisme, sa signification métaphorique. Rodrigo Sorogoyen, en toute simplicité, même si le film offre un panorama complexe des situations, propose un film qui s’inscrit dans la pure lignée des « film d’auteur ». Jamais expression ne fut aussi claire.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Rodrigo Sorogoyen
Scénario
Rodrigo Sorogoyen
Isabel Peña
Direction photo
Alejandro del Pablo
Montage
Alberto del Campo
Musique
Olivier Arson
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
Espagne / France
Année : 2022 – Durée : 2 h 17 min
Langue(s)
V.o. : espagnol, français, galicien;
s.-t.f. ou s.-t.a.
Les bêtes
The Beasts
Dist. [ Contact ] @
Axia Films
[ Latido Films ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]