I’m Still Here

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 31 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Rio, 1971, sous la dictature militaire. Rubens, père de famille, est arrêté par des hommes du régime et disparaît sans laisser de traces. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

Brésil,

mère

blafarde

Une chose est claire. Le récent film de Walter Salles serait-il une réponse aux partisans populistes de Bolsonaro et autres personnalités autocratiques du monde actuel ? Inutile d’aller plus loin.

La réponse est claire dans ce magnifique Ainda Estou Aqui, qui traduit dans nos deux langues officielles la même urgence de résistance face aux régimes réactionnaires, rétrogrades. Du coup, on se met à réfléchir sur ce qu’il se passe dans le climat politique mondial, non seulement en Occident, mais dans une planète devenue mondialisée, retournant dans un sytème abrutissant où ne règne que « l’ordre et la sécurité du monde », mode de vie social issu des classes conservatrices.

Comment réagir au récent film de Walter Salles, dont le sujet est tiré d’un livre relatant le récit bouleversant des Paiva durant la dictature brésilienne instaurée au début des années 1970. Non pas une question, mais un constat.

Le film est une leçon de mise en scène où l’horizontalité narrative affiche ouvertement ses lettres de noblesse, ne cédant pas aux caprices et afféteries que souvent un certain cinéma faussement avant-gardiste arbore sans crier gare.

En un tour de main, une première partie montre, dans un montage ultra-rapide, serré jusqu’à nous rendre quand même attentifs aux détails, au(x) quotidien(s) d’une famille brésilienne de la petite bourgeoisie. Les joies, les petites peines, les rencontres entre amis, autres membres de la famille élargie ; également (souvent, surtout) écouter les nouvelles à la télévision où les arrestations deviennent de plus en plus régulières.

Un regard qui annonce que rien ne sera plus le même

On pensera que des années auparavant et qui durera jusqu’en 1974, la Grèce aura connu le même sort avec l’instauration du régime des Colonels. Une fluctuation dangereuse de l’Histoire des régimes autocratiques.

C’est notamment dans sa mise en scène et dans le jeu des comédiens que le film de Salles doit l’immensité de son originalité. Une réalisation sincère, évitant particulièrement le pathos larmoyant qui, jusqu’à un certain point, rappelle l’émouvant La historia oficial (L’histoire officielle), 1985, le très beau film de l’Argentin Luis Puenzo avec les sublimes Norma Aleandro et Héctor Alterío. Mêmes sons de cloche dans une Amérique latine foudroyée régulièrement par les forces de l’autocratie ou, au contraire, des régimes de gauche fascistes. Une dénonciation, en fait, que le politique n’a pas encore trouvé sa voie dans un monde polarisant où la division est monnaie courante.

Walter Salles se relève ainsi des petites erreurs de mises en scène qu’il aurait pu commettre dans le passé en proposant ici une extraordinaire œuvre morale, forte, et particulièrement audible au monde d’aujourd’hui.

I’m Still Here / Je suis toujours là avance à petits pas en essayant d’écarter les obstacles. Par le courage, la résilience, la ténacité. L’arrestation aussi. Et c’est dans ces zones blafardes, sombres, discontinues que la grande actrice brésilienne Fernanda Torres pourvoie au personnage d’Eunice Paiva son allure, distinction, son raffinement, et dans le même temps, son courage d’âme, son stoïcisme guerrier et sa vaillance.

Walter Salles se relève ainsi des petites erreurs de mises en scène qu’il aurait pu commettre dans le passé en proposant ici une extraordinaire œuvre morale, forte, et particulièrement audible au monde d’aujourd’hui.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Walter Salles

Scénario : Walter Salles, Heitor Lorega; d’après
le livre de Marcelo Rubens Paiva, Ainda Estou Aqui
Direction photo : Adrian Teijido
Montage : Affonso Gonçalvez
Musique : Warren Ellis

Genre(s)
Drame biographique
Origine(s)
Brésil / France
Année : 2024 – Durée : 2 h 17 min
Langue(s)
V.o. : portugais; s.-t.a. / s.-t.f.
Je suis toujours là
Ainda Estou Aqui

Walter Salles

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Mongrel Media ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex

 

 

Visa de classement
GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Interceptés

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 31 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Images et dialogues de l’invasion russe de l’Ukraine.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Paysages

pendant

la bataille

Aux abords d’une route de campagne, une femme et ses deux enfants sont dans un petit parc. La mort les frappera-t-elle ?

Souvent, nous sommes submergés par les informations contradictoires glanées sur des sites ou des médias sérieux ayant trait à un évènement se déroulant à une vitesse grand V. La solution peut être de prendre un écart et d’attendre d’en connaître plus. Le cinéma documentaire offre à plus ou moins longue échéance la possibilité de revenir sur ces moments traumatisants ou bouleversants qui, par le fait de la vitesse présente des échanges, semblent se dérouler si près. Ce documentaire d’Oksana Karpovych, en associant deux dispositifs, rend plus direct le quotidien des Ukrainiens dont le pays est envahi par une armée russe remplie de conscrits servant de chair à canon.

Un effet probant de conflit armé.

La production a eu accès aux enregistrements, par les services secrets ukrainiens, de conversations téléphoniques, peut-on supposer sur cellulaires, de ces soldats avec leurs proches vivant à l’arrière. La teneur est tout d’abord banale, échanges sur la famille et les existences des uns et des autres. Des discussions sur le régime de Poutine et la pauvreté de ses habitants s’inscrivent en comparaison avec ce que les soldats ont vu, trouvé, volé et pillé. La cinématographie de Christopher Nunn, sur des routes vicinales, des artères plus importantes, présente les effets de la guerre avec ces immeubles en partie détruits, ces maisons quittées rapidement et ces véhicules militaires incendiés.

Pour cette approche complexe d’une guerre encore très actuelle, par le travail de son équipe dont la monteuse Charlotte Tourrès et la conception sonore d’Alex Lane, la cinéaste ukraino-québécoise Oksana Karpovych mérite tous les honneurs glanés par ce discours visuel sur les méfaits pernicieux de la désinformation.

La juxtaposition de ces dialogues souvent animés et de ces images amples et se déroulant le plus souvent lentement produit un effet de conflit interne. La haine inhérente aux propos des hommes et des femmes contre ces habitants d’outre-frontière sert de limon à une déshumanisation de l’autre qui mène jusqu’à la description dans un sadisme ordinaire d’actions horriblement répréhensibles. Des bribes de dialogue se retrouvent ainsi reliés à des passages ailleurs dans le filmage tels la séquence décrite en ouverture ou les tombes dans une forêt.

Pour cette approche complexe d’une guerre encore très actuelle, par le travail de son équipe dont la monteuse Charlotte Tourrès et la conception sonore d’Alex Lane, la cinéaste ukraino-québécoise Oksana Karpovych mérite tous les honneurs glanés par ce discours visuel sur les méfaits pernicieux de la désinformation.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Oksana Karpovych

Scénario : Oksana Karpovych
Direction photo : Christopher Nunn
Montage : Charlotte Tourrès
Musique : NFNR

Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Canada / France
Ukraine
Année : 2024 – Durée : 1 h 33 min
Langue(s)
V.o. : russe, ukrainien; s.-t.a. / s.-t.f.
Intercepted
Myrni lyudi

Oksana Karpovych

Dist. [ Contact ] @
Les Films du 3 mars
[ Les Films Cosmos ]

Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinémathèque québécoise

Visa de classement
GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Louise Violet

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 31 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet doit y imposer l’école de la République, ce qui veut dire gratuite, obligatoire et laïque. Une mission qui ne la rend pas populaire

Procurer l’enseignement comme s’il s’agissait d’un sacerdose laïc.

B R E F S
APERÇUS

| Si dans Les choses simples, du même Éric Besnard, Vincent (Lambert Wilson) doit s’adapter au caractère de Pierre (Grégory Gadebois), ici, Louise Violet (Alexandra Lamy) devra, par la force des choses, saisir le personnage de Joseph, le maire de la petite communauté (toujours Gadebois, comédien indispensable dans le cinéma français) ;

| Le milieu rural français de cette fin de XIXe siècle est filmé par la caméra historique de Laurent Dailland, ponctuant des détails marquants dans le quotidien routinier des habitants ;

| L’hommage à la terre où le paysan qui laboure sa terre est un des socles fondateurs de la société française renvoit aux récents évènements sociaux de la politique française ;

| Cette enseignante, soucieuse d’établir une école dans un lieu presque perdu de l’Hexagone de l’époque nourrit admirablement les enseignements de la République : les enfants doivent tous s’instruire, gratuitement et dans un système de valeur laïc. Une entrée en quelque sorte dans la modernité ;

| Côté interprétation, Lamy et Gadebois assurent un jeu prenant, tous deux soucieux de donner le plus d’eux-mêmes, voyant en leur personnage des individus avançant vers la voie d’une nouvelle société ;

| Un portrait paysan à la fois complexe et finalement porté par les attributs du changement.

[ ÉC ]
Cote : ★★★

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Éric Besnard

Scénario : Éric Besnard
Direction photo : Laurent Dailland
Montage : Lydia Decobert
Musique : Christophe Julien

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Année : 2023 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : français
Louise Violet

Éric Besnard

Dist. [ Contact ] @
A-Z Films
[ Nord-Ouest Films ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Visa de classement
GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 55 56 57 58 59 1,176