Cpx-Hebdo 04
du Ven 24 au Jeu 30 janvier 2025
NOTRE
SÉLECTION D’ÉVÉNEMENTS
MAJEURS DE LA SEMAINE
@ CINEPLEX
É C R A N
ÉVÈNEMENT
Curl Power
Réalisation
Josephine AndersonSuite
NOTRE
SÉLECTION D’ÉVÉNEMENTS
MAJEURS DE LA SEMAINE
@ CINEPLEX
É C R A N
ÉVÈNEMENT
Curl Power
Réalisation
Josephine AndersonSuite
H O M M A G E
texte
Pascal Grenier
Merci pour
le cinéma
Bertrand Blier est de ces cinéastes qui, d’un geste, d’une réplique, transcendent le cadre. Son cinéma, à la fois jouissif et corrosif, est une leçon de liberté, une célébration de l’iconoclaste. Rarement un réalisateur aura manié avec autant de brio l’art du dialogue. Chez Blier, les mots claquent, roulent, s’entrechoquent, s’élèvent. Ils prennent vie, deviennent des personnages à part entière, tout aussi essentiels que les corps et les regards qui les portent.
Il éclate avec Les valseuses, son troisième long métrage où il marque un tournant dans le cinéma français, propulsant Gérard Depardieu et Patrick Dewaere au rang d’icônes tout en brisant les conventions avec un récit où l’impertinence se fait manifeste. Le film ne cherchait pas à plaire mais à choquer, à provoquer, à déranger, et c’est précisément pour cela qu’il est devenu un classique. Ce même goût pour la provocation irrigue toute son œuvre. Chez Blier, l’audace n’est pas une posture : c’est une nécessité. Il n’a jamais cédé à la facilité ni tenté de séduire un public plus large au détriment de son regard singulier.
Prenez Buffet froid, où l’absurde s’immisce dans chaque recoin d’un monde à la fois glaçant et hilarant. Blier y cultive un sens du non-sens qui rappelle les grandes heures du théâtre de l’absurde, tout en l’inscrivant dans une réalité qui grince. Dans Merci la vie, il touche à l’apogée de son art. Ce film, souvent injustement mésestimé, est une véritable symphonie où l’humour noir, le tragique et le fantastique se mêlent avec une grâce qui défie les classifications. À travers ce récit en forme de puzzle, Blier nous montre l’humanité dans toute sa splendeur et sa cruauté, toujours avec cet équilibre fragile entre le grotesque et le sublime.
Les valseuses, son film culte.
Crédit : Moviestore / Rex Features
Et que dire de Notre histoire , où il plonge Alain Delon dans un rôle à contre-emploi, révélant des facettes insoupçonnées de l’acteur. Blier, en alchimiste des émotions, transforme le banal en extraordinaire, la mélancolie en poésie. Ce film, tout comme ses autres œuvres, porte l’empreinte d’un auteur qui a toujours su rester fidèle à sa vision, malgré les critiques, malgré les modes.
Car Bertrand Blier, c’est aussi cela : une intégrité inébranlable. Face à une industrie parfois frileuse, il a maintenu le cap, préférant creuser son sillon unique plutôt que de céder aux sirènes du conformisme. Il a refusé de se plier aux attentes, forgeant une œuvre à part, inclassable, où l’humour, la tragédie et la subversion cohabitent avec une élégance rare.
Bertrand Blier est un titan du cinéma français, un explorateur des marges, un poète de l’absurde. Ses films ne se regardent pas : ils se vivent, s’éprouvent. Ils bousculent, interrogent, bouleversent. Et s’il est vrai que son cinéma a parfois divisé, c’est précisément parce qu’il dérangeait, qu’il osait là où tant d’autres se contentaient de rassurer. Voilà pourquoi son importance dans le 7e art est indiscutable. Merci la vie, merci Blier.
CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel
★★★
Le diable
au corps
Le film, Closer (Intime, ici, Entre adultes consentants, dans l’Hexagone) qui date de 2004, paraît sage, prudent, comparé à la transposition scénique de Solène Paré, une première signature au Duceppe, et la traduction de l’incontournable Fanny Britt qui ne lésine pas sur les mots crus, sur les sous-entendus, les signes évidents de manque de retenue des personnages.
Le public est-il mal à l’aise alors qu’en privé, tout peut se dire, se faire, se faire faire ? L’intime et le privé seraient-ils des choses du passé ? C’est en tout cas ce que la traductrice et la metteure en scène semblent dirent au public.Suite