RÉSUMÉ SUCCINCT Un documentariste américain revient sur sa carrière au Canada.
CRITIQUE Luc Chaput
★★★
Les aléas
mémoriels
Un homme âgé est attablé au comptoir d’un restaurant populaire d’une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Arrivent dans une forte lumière blanche plusieurs personnes qui ont fait partie de son passé.
Le cinéaste et scénariste américain Paul Schrader renoue ici avec une œuvre de son ami Russell Banks dont il avait naguère adapté Affliction, d’ailleurs tourné au Québec, sur les relations familiales toxiques comme nous avons maintenant l’habitude de les nommer.
Leonard Fife est grabataire et profite du tournage du documentaire sur sa carrière pour revenir sur des épisodes de sa vie. L’interview, employant un dispositif similaire à celui mis au point par Errol Morris, prend l’allure d’une confession avec ses aveux étonnants et ses souvenirs qui cohabitent tout en étant contradictoires. Pour différencier les diverses époques, le cinéaste et son directeur photo Andrew Wonder (Dog Eat Dog) alterne plusieurs grandeurs de cadre, de luminosité et de pellicule et même des séquences en noir et blanc.
Comme deux étapes d’une même vie.
Fife, acclamé comme un grand documentariste canadien, aurait commencé son parcours sur un mensonge, fuyant non pas la conscription durant la guerre du Vietnam mais le carcan d’une vie réglementée par la riche famille de sa jeune épouse. Les jonctions entre les divers épisodes sont quelquefois chaotiques et Jacob Elordi, interprétant Fife jeune, a peu de ressemblances avec Richard Gere, ce qui crée une autre dissonance. Gere, qui fut l’American Gigoloil y a bien longtemps, s’en tire avec les honneurs dans ce portrait d’un homme qui veut encore contrôler le récit de sa vie.
Après les réussites de Schrader que furentFirst Reformed et The Card Counter et dans une moindre mesure Master Gardener, cette nouvelle rencontre entre ce cinéaste et ce romancier apparaît comme une œuvre mineure.
Il y a d’ailleurs une ironie certaine à découvrir que ce film dont le titre rend hommage à notre contrée a été tourné dans l’état de New-York, répondant ainsi aux nombreuses productions américaines usant de nos décors pour représenter les leurs. Après les réussites de Schrader que furent First Reformedet The Card Counter et dans une moindre mesure Master Gardener, cette nouvelle rencontre entre ce cinéaste et ce romancier apparaît comme une œuvre mineure.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Paul Schrader
Scénario : Paul Schrader; d’après le roman de Russell Banks Direction photo : Andrew Bonder Montage : Benjamin Rodriguez Jr. Musique : Phosphorescent
Genre(s) Comédie dramatique Origine(s) Canada / Israël États-Unis Année : 2024 – Durée : 1 h 28 min Langue(s) V.o. : anglais; s.-t.f. Oh, Canada
Paul Schrader
Dist. [ Contact ] @ Ēquinoxe Films [ Well Go USA ]
RÉSUMÉ SUCCINCT Simon est un prêtre dévoué à sa paroisse. Au cours d’une messe, Louise, qu’il n’avait pas revue depuis son séminaire, il y a des années, refait surface. Elle lui présente Aloé, enfant de 11 ans…
Ailleurs, là où personne ne peut juger.
B R E F S APERÇUS
| Un premier long métrage pour un sujet inusité même si dans l’Hexagone, le débat a lieu depuis quelque temps : le célibat dans l’Église catholique. Un bon point pour ce nouveau venu dans la réalisation ;
| Grégory Gadebois, par ailleurs magnifique comédien, l’un des plus remarqués de sa génération, s’emploie à jouer ce rôle de prêtre avec une détermination tout en nuances, cadrant parfaitement bien les moments sérieux et ceux plus relaxes ;
| Dommage que la présence de Géraldine Nakache (sœur du réalisateur du même nom qui travaille toujours avec son compère Éric Toledano) soit un peu mal assortie dû à un mauvais casting de ce côté ;
| On retiendra certains propos sur le thème dont il est question, notamment ceux remettant en question les concepts immuables de la foi, surtout catholique, et particulièrement de la vie privée ;
| En fin de compte, Paternel, titre on ne peut plus métaphorique, se voit avec un certain plaisir, le spectateur toujours attentif aux dialogues et bien entendu, au jeu aussi du jeune Anton Alluin, déjà une forte présence.