Sing Sing

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 9 août 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Des prisonniers s’échappent un peu de leur réel en formant une troupe de théâtre.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Entre les murs

Les (nombreux) films inspirés de faits vécus, retravaillés ou pas, selon le regard des cinéastes, ont ceci de particulier qu’ils laissent la majorité des spectateurs ébahis devant la diversité de voix et la panoplie de comportements sociaux. Plus que tout, le « marginal » fascine, bouleverse, fait fantasmer, suscite le débat sur cette ligne fine entre le Bien et le Mal.

Signataire de quatre courts sujets et un premier long, l’inédit Transpecos (2016) – terme qui veut dire extrême ouest du Texas – boudé par le public, mais encensé par la plupart des membres du sacro-saint Metascore, Greg Kwedar fait désormais partie des grands avec Sing Sing, œuvre unique, oscarisable, bénéficiant de la présence de grands comédiens, incluant des figurants, de vrais prisonniers, qui se donnent littéralement et entièrement corps et âme à cet exercice de style en même temps que récit émouvant, mené tambour battant sans véritablement exercer trop de pression sur ce plan.

Effectivement, puisque la mise en scène de Kwedar, qui évoque, par moments, celle des frères Taviani dans César doit mourir (Cesare deve morire, 2012), celle-ci, axée plus sur le côté rituel de la représentation, privilégie le naturel du huis clos, qu’il s’agisse des cellules d’enfermement, d’isolement, des cantines ou même encore des extérieurs ou seul le bleu du ciel sert d’alibi réformateur ou encore libérateur.

Apprendre à se connaître.

Deux forces de la nature se confrontent et finissent par assembler une ode finale à l’amitié conquérante ; John Whitfield, à qui le désormais célèbre Colman Domingo rend pleinement justice dans un jeu profond entre la paix intérieure, le profond désir de créer par les mots et la scène (on se souviendra de Burt Lancaster dans Birdman of Alcatraz / Le prisonnier d’Alcatraz, l’excellent film du grand John Frankenheimer), la nécessité de composer avec plusieurs âmes sensibles ou encore compatissantes ; d’autre part, Clarence Maclin, ancien de Sing Sing, l’institution carcérale, jouant son propre rôle avec une sensibilité latente, cachée sous des dehors de fausse virilité sans concessions. Il surmonte les épreuves, s’entête à vouloir imposer des changements pour un pièce en devenir. Comédie ou drame, telle est la question.

Violence, sexualité, marginalité excessive, autant de codes des drames carcéraux qu’évitent un cinéaste qui, désormais, ne peut plus revenir en arrière. Ses prochaines réalisations devront confirmer leur originalité.

Un film essentiellement inhabituel autant pour les cinéphiles avertis que pour un public exigeant, friand de découvertes hors du commun, d’un « vrai cinéma » et susceptible de mieux comprendre quelques principes fondateurs du behaviorisme.

La direction photo de Pat Scola (du récent, toujours en salle, A Quiet Place: Day One / Un coin tranquille – Jour 1) et le montage de Parker Laramie contribuent de faire en sorte que la cohésion entre la narration et l’expérience formelle demeure des plus équilibrées.

Un film essentiellement inhabituel autant pour les cinéphiles avertis que pour un public exigeant, friand de découvertes hors du commun, d’un « vrai cinéma » et susceptible de mieux comprendre quelques principes fondateurs du behaviorisme.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Greg Kwedar

Scénario : Greg Kwedar, Clint Bentley. D’après
The Sing Sing Follies,
de John. H. Richardson et
Breakin’ the Mummy’s Code, de Brent Buell.

Sur une idée de Clint Bentley, Greg Kwedar,
Clarence Maclin & John Divine G Whitfield
Direction photo : Sayombhu Mukdeeprom
Montage : Noemi Katharina Preiswerk
Musique : Hardis Stefánsdótir

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
États-Unis

Année : 2023 – Durée : 1 h 46 min
Langue(s)
V.o. : anglais ; s.-t.f.
Sing Sing

Greg Kwedar

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Twilight of the Warriors: Walled In

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 9 août 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans les années 80, le seul endroit de Hong Kong où la Loi Britannique ne s’appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

La reconstitution de cette « City of Darkness » (qu’on peut traduire par « ville des ténèbres »), autre titre anglais du film de Soi Cheang est d’une poésie transcendante malgré son côté apocalyptique, glauque, obsédant,  alternant, du point de vue de la caméra, de plongées en contre-plongées, donnant ainsi une puissance d’évocation à la fois hallucinante et déchirante.

Hong Kong

côté sombre

Les tonalités chromatiques grises et basanées, optant pour les lumières sombres sont fréquentes pour illustrer certains lieux. Le Hong Kong des années 80 du siècle dernier, celui des enseignes au néon, des cabarets, des maisons closes, des endroits interlopes, de la pègre locale, des triades, des contrebandes, de la prostitution, des interdits.

Une faune bigarrée de réfugiés venus de partout qui composent une agglomération incontrôlable. Dans les endroits les plus démunis, hors de la grande ville, elle aussi pervertie, filmée comme une jungle en effervescence, toujours sujette aux pires sévices mais où une population largement déshéritée a depuis longtemps été habituée.

Et soudain… ennemis.

De Soi Chean, on se rappellera, entre autres, et avec bonheur, de son Dog Bite Dog (Gau ngao gau, 2006). Ici, et c’est bien intentionnel de sa part, il s’agit d’un regard nostalgique à la fois ethnographique et cinématographique. Il réussit amplement sa proposition par une esthétique de la reproduction, parfois comme s’il s’agissait de peintures allégoriques d’une ville enfoncée dans le néant.

En parallèle, des habitations cossues des poids lourds du blanchiment d’argent et du trafic d’influence et des narcotiques de toutes espèces. La police se mêle dans ces jeux de pouvoir.

Mais le cinéaste, à juste titre, humanise certains personnages de la déchéance morale, comme celui de Cyclone, campée par un Louis Koo exceptionnel, alternant entre un humanisme bon-enfant, parfois incontrôlé et le gangstérisme irréprochable auquel il adhère, et auquel tous ceux du milieu se doivent allégeance, faute de quoi…

Le dernier plan du film, magique, vu presque à vol (bas) d’oiseau est filmé comme l’ode à une ville qui, dans les années qui suivront, changera complètement, suite à la démolition de la ville des ténèbres. Mais les triades, elles, continueront d’exister. Effectivement, le plan a rarement produit un effet aussi transcendant.

La grande surprise du film est la présence foudroyante de Raymond Lam, apportant à son rôle de Chan Lok-kwun une aptitude et un charisme électrisants. Ses combats dans des lieux étroits sont d’une minutie magnifiquement chorégraphiée, à l’intérieur d’un tas de ferraille, des installations insalubres, des lieux clos sans issue, des extérieurs où la foule demeure captive face aux règlements de compte qui se jouent régulièrement.

Le dernier plan du film, magique, vu presque à vol (bas) d’oiseau est filmé comme l’ode à une ville qui, dans les années qui suivront, changera complètement, suite à la démolition de la ville des ténèbres. Mais les triades, elles, continueront d’exister. Effectivement, le plan a rarement produit un effet aussi transcendant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Soi Cheang

Scénario : Au Kin-Yee, Chan Tai-Lee, Jun Li
Shum Kwan-Sin. Tiré de la BD de Yu Yi
Direction photo : Cheng Siu-Keung
Montage : Cheung Ka-Fai
Musique : Kenji Kawai

Genre(s) : Action
Origine(s) : Hong Kong

Année : 2024 – Durée : 2 h 06 min
Langue(s)
V.o. : cantonais, mandarin ; s.-t.a.
Jiǔlóng chéng zhài·wéichéng
City of Darkness

Soi Cheang


Dist. [ Contact ] @
A-Z Films
[ Well Go USA Entertainment ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 73 74 75 76 77 1,082