Bokshi
Nouveaux
Horizons
[ @ Rotterdam ]
Anahita, traumatisée par la disparition brutale de sa mère, trouve du réconfort auprès de Shalini, sa professeure d’histoire. Lors d’une excursion scolaire non conventionnelle sur un mystérieux site préhistorique, elle affronte son terrifiant destin.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★ ½
Ange
ou
démon
Thème inusité pour le cinéma hindi indépendant, éloigné des grands spectacles bollywoodiens, ces derniers en cadence presque identique aux dernières années, mais tentant par tous les moyens de répondre toutefois à un public de plus en plus exigeant et relativement éduqué.
Pour Bhargav Saikia, à qui l’on doit deux courts sujets, Awakenings (Jaagarti, 2015) et The Black Cat (Kaalee Billee, 2017), cette fois-ci un premier long, même très long, répondant ainsi au code de durée du Bollywood traditionnel, mais seul dénominateur commun avec ce genre toujours pérenne. Pour Saika, s’appuyant sur les types de films horreur-slasher-LGBTQ-fantaisie-excursion en forêt mystérieuse- cinéma indie, une sincère volonté, même touchante de vouloir échapper au cinéma ambiant, quitte à prendre des risques énormes. Sa présence au récent festival de Rotterdam est une petite victoire pour son acharnement, même si le film et son réalisateur sont sortis bredouilles.
Nous l’avons nonobstant le résultat : pas tout à fait concluant puisqu’il faudra deviner constamment tout ce qui se cache devant et derrière cet exercice de style fourre-tout pour ainsi susciter notre intérêt. Si la durée de 165 minutes nous paraît interminable dans ce cas-ci, force est de souligner que le jeune cinéaste fait tout en son pouvoir pour poursuive son chemin, bien ancré dans sa proposition, insistant pour que film puisse franchir les frontières de l’Occident. Pari donc gagné.
C’est un film féministe, en partie, ou principalement, auquel nous avons droit. N’essayons pas de dépasser ces critiques interminables, travaux universitaires qui parfois confondent tout, inventent des intentions, créent des propositions même si elles n’existent pas, essayant de rentrer dans l’esprit volontairement torturé du créateur pour en faire ressortir les ingrédients intellectuels qui s’y cachent.
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La forêt et le fantasme de la mort peuvent aussi avoir leur lot de sensualité.
Essai féministe, certes, puisque dans ce film plus complexe qu’il n’y paraît, la femme est l’angle essentiel de ce puzzle psychologique et maléfique qui accueille les déités les plus surprenantes (parfois mal filmées, mais peu importe dans ce cas-ci) pour nous induire, soit en erreur ou au contraire, nous persuader du bien-fondé d’une entreprise aussi risquée que tonitruante.
Les métaphores en ce qui nous concerne, sont multipliées, les plans, les cadrages, la mise en scène d’ensemble et le jeu diversifié de tous les intervenants, surtout intervenantes en sont la preuve la plus « vivante ». Et puis quelques moments de répit lorsque les amours saphiques se permettent de mettre en relief tous les tabous d’une Inde métamorphosée, mais du coup, reculant face au revendications sociales. C’est également le lot aujourd’hui de plusieurs pays du monde.
Bokshi parle de la notion de destin, notion qui, semble-t-il, nous est prédestinée. C’est en tout cas ce que Bhargav Saikia semble nous dire dans ce premier long métrage encourageant malgré ses quelques failles de style et de narration.
Entre un début conventionnel, une suite qui dérape et une dernière partie presque apocalyptique en pleine forêt, Bokshi, qui en népalais veut dire « sorcière » se donne inexorablement une volonté de fer pour pouvoir exister, et le film, sur ce plan, réussit. C’est déjà un grand chemin de tracé.
Pourquoi ne pas ajouter que le personnage principal est celui de Anahita, campé par une Parassana Bisht formidable. Bokshi parle de la notion de destin, notion qui, semble-t-il, nous est prédestinée. C’est en tout cas ce que Bhargav Saikia semble nous dire dans ce premier long métrage encourageant malgré ses quelques failles de style et de narration.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Bhargav Saikia
Scénario : Harsh Vaibhav Dev
Direction photo : Siddharth Sivasankaran, A. Vasanth
Montage : Himanshu Chutia Saikia
Musique : Advait Nemlekar
Genre(s)
Drame d’horreur
Origine(s)
Inde
Année : 2024 – Durée : 2 h 46 min
Langue(s)
V.o. : anglais, hindi, népalais; s.-t.a.
Witch
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Bhargav Saikia
Production @
Lorien Motion Pictures
(Alief)
Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence / Horreur ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]