Bonjour Tristesse

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 2 mai 2025

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

La dolce

farniente

 

[ … ] Autrement dit, cet état du bonheur que l’on sent au cours d’une inaction ou encore ce qui en résulte de cet état de grâce.

Premier film, en fait, premier long métrage de la Canado-Indienne, et rien d’autre qu’une adaptation du premier livre teinté d’autobiographie de Françoise Sagan, duquel que je me permets d’ajouter une citation « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse…. »

Et Chew-Bose sait de quoi elle parle. Lorsque le beau devient triste, ce paradoxe traverse souvent le film. C’est du moins ce que l’on ressent dans ce récit – que nous avons tous et toutes lu, le plus souvent dans sa forme nostalgique du Livre de poche. Sagan s’attache à une jeunesse de son époque, une bourgeoisie lancinante. Chew-Bose procède de même, mais en injectant une contemporanéité qui ne s’accommode pas nécessairement à la réalité d’aujourd’hui.

En fait, dans ce cercle fermé dont il est question, c’est comme si le monde extérieur n’existait pas, comme si les frontières entre les classes sociales s’estompaient pour donner libre cours à des théories bien faites sur l’amour, les relations, les échappées belles, les amours savamment interdites, celles dont l’habileté peut parfois faire défaut.

Soudain, quelqu’un, plutôt quelqu’une qu’on n’attendait pas arrive au beau milieu de cet entourage bien installé… la venue d’une ancienne flamme de Raymond (pour ma part, efficace Claes Bang), en la personne d’Anne (très douée Chloé Sévigny que, dommage, on ne voit pas souvent à l’écran alors qu’elle est douée pour le jeu d’interprétation).

C’est en fait un film qu’il faut apprécier pour sa qualité esthétique, des paysages magnifiques, magnifiquement pris dans le vif par la caméra expressive de Maximilian Pittner. Mais aussi dans ces plans de visages, d’autres prises rapprochées de couples, notamment Cécile/Cyril) qui résonne dans sa volupté insouciante.

Bien entendu, Cécile/Sagan – très habile Lily McInerny, entre le désir inavoué de plaire et passer du bon temps quand même avec son amoureux Cyril (Aliocha Schneider, correct, comme il faut, sans doute pour les besoins de la coproduction).
Rappelant un peu le très élégant et bel exemple de cinéma queer de Guadagnino, Call Me by Your Name, on ne peut guère se laisser attendrir totalement par ce récit sur un certain abandon voulu, ne serait-ce que le temps que dure cette escapade ensoleillée.

C’est en fait un film qu’il faut apprécier pour sa qualité esthétique, des paysages magnifiques, magnifiquement pris dans le vif par la caméra expressive de Maximilian Pittner. Mais aussi dans ces plans de visages, d’autres prises rapprochées de couples, notamment Cécile/Cyril) qui résonne dans sa volupté insouciante.

Si vous n’avez pas lu le Sagan, il y a là une mise en valeur approximative du roman, mais qui peut tout de même plaire. En 1958, avec l’héroïne de Godard, Jean Seberg, le film éponyme d’Otto Preminger faisait rejaillir les moments cruciaux d’un roman fondateur d’une certaine jeunesse oisive prise dans son jeu de la quête d’attention et d’amour en devenir et le doute de ce qui advenait par la suite.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Durga Chew-Bose

Scénario : Durga Chew-Bose; d’après le roman éponyme de Françoise Sagan. Direction photo : Maximilian Pittner. Montage : Amélie Labrèche. Musique : Lesley Barber.

Genre(s)
Drame sentimental
Origine(s)
Canada / États-Unis
France / Grande-Bretagne
Année : 2024 – Durée : 1 h 50 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f. & Version française
Bonjour tristesse

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]