Bring Them Down

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 février 2025

 

CRITIQUE
Pascal Grenier

★★★ ½

On achève

bien le bétail 

 

Dans  Bring Them Down, le premier film de l’Irlandais Christopher Andrews, se joue une tragédie rurale d’une austérité implacable, où la violence des haines familiales se mêle à la réclusion de secrets trop lourds pour être oubliés. Andrews, qui signe ici une mise en scène sobre et tempérée, réussit à extraire de ses paysages agricoles — d’une beauté grise et presque mélancolique — l’essence même d’un drame criminel qui, par sa lenteur, s’impose à l’âme comme une méditation sur la fatalité.

Au cœur de ce récit, Michael (incarné avec une intensité admirable par Christopher Abbott) incarne le mal du siècle : l’homme isolé, dernier fils d’une lignée de bergers, condamné par le poids d’un passé inavouable et d’une relation ambivalente avec son père malade, Ray. C’est dans le conflit quotidien avec son voisin Gary et son fils Jack que se cristallise une vengeance d’une froideur presque mythologique, où chaque affront se décline en une série d’événements inéluctables et dévastateurs. Loin de se contenter des caricatures attendues, le film se fait l’écho de ces rancœurs ancestrales qui, sous la surface de la violence, dévoilent une humanité torturée.

Il faut saluer la remarquable audace de l’interprétation, notamment celle d’Abbott, qui offre à Michael une profondeur tragique et nuancée, loin du simple stéréotype du dur à cuire. Même Barry Keoghan, habituellement cantonné aux rôles de décalé ou de simple d’esprit, se trouve ici investi d’une complexité insoupçonnée, rappelant que dans l’univers d’Andrews, chaque personnage est le dépositaire de ses propres contradictions. Ce choix de casting renforce la tension dramatique et enrichit la toile de fond d’un récit qui, malgré ses allures de vengeance prévisible, se distingue par sa méditation subtile sur la solitude et l’implacable passage du temps.

Christopher Andrews, avec ce premier opus, nous livre une œuvre à la fois belle et sombre, où le paysage irlandais se fait le miroir d’une destinée tourmentée, et où la violence n’est pas tant un spectacle qu’une tragédie humaine. On peut saluer ici un cinéma qui, par son honnêteté et son exigence, interroge avec finesse les failles de l’âme humaine, tout en refusant les artifices d’une vengeance clinquante au profit d’un pathos singulier et inoubliable.

Si la structure narrative en deux temps, tirée d’un schéma de vengeance glauque et implacable, peut laisser certains amateurs en quête d’effets de style ou de rythmes effrénés sur leur faim, il convient de reconnaître que c’est précisément dans cette retenue, presque austère, que réside la force du film. Loin des excès habituellement associés aux films de ce registre, Bring Them Down  s’inscrit dans une lignée plus introspective et méditative, où la noirceur ne se résume pas à un simple décor, mais s’incarne dans la psyché même des personnages.

En définitive, Christopher Andrews, avec ce premier opus, nous livre une œuvre à la fois belle et sombre, où le paysage irlandais se fait le miroir d’une destinée tourmentée, et où la violence n’est pas tant un spectacle qu’une tragédie humaine. On peut saluer ici un cinéma qui, par son honnêteté et son exigence, interroge avec finesse les failles de l’âme humaine, tout en refusant les artifices d’une vengeance clinquante au profit d’un pathos singulier et inoubliable.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Christopher Andrews

Scénario : Christopher Andrews
Direction photo : Nick Cooke
Montage : George Cragg
Musique : Hannah Peel

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
Grande-Bretagne
Irlande / Belgique
Année : 2024 – Durée : 1 h 46 min
Langue(s)
V.o. : anglais, irlandais; s.-t.a. / s.-t.f.
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Dist. [ Contact ] @
Film Service Supérieur
[ MUBI / Charades ]

Diffusion @
Cineplex

Visa de classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]