La plus précieuse des marchandises

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 20 décembre 2024

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
L’apparition d’un bébé  bouleverse la vie d’un couple campagnard.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

 

Le hasard

et

la nécessité

★★★ ½

Une femme, dans une forêt de l’est de l’Europe, se rend près d’un contrefort rocheux et parle à l’homme qui y est caché. Des pourparlers s’enclenchent et elle obtient du lait de chèvre pour le poupon dont elle a la garde.

Dans ce long métrage d’animation, les lieux ne sont pas nommés mais certains indices les placent assurément en Pologne durant la Seconde Guerre mondiale. Le dramaturge reconnu Jean-Claude Grumberg (entre autres, la pièce L’atelier et la coscénarisation du film Amen, de Costa-Gavras) a écrit un conte pour petits et grands dans lequel au départ il critique la prémisse du Petit Poucet. Les personnages n’ont pas de noms et sont plutôt des archétypes définis par leurs emplois ou des caractéristiques physiques. Michel Hazanavicius, à qui on a offert d’adapter ce texte, a établi par des croquis personnels la bible graphique du projet. Les actions dans la forêt et près des voies de chemin de fer ont l’apparence de gravures sur bois ce qui renforce à la fois l’aspect réaliste et intemporel de ce récit. La nature qui change et qui reste aussi intrinsèquement la même enveloppe ces personnages auxquels le hasard apporte un coup de pouce au destin d’un enfant.

Un projet inusité pour le cinéaste Michel Hazanavicius.

Par ce conte visuel malgré tout lumineux, évoquant un moment atroce de notre Histoire, le cinéaste et l’auteur de l’œuvre initiale rendent ainsi également hommage à tous ces justes anonymes de ce temps et de tous les autres.

L’animation, sous la direction artistique de Julien Grande, garde des couleurs atténuées au ras du sol mais se permet une plus grande palette lors des vols d’oiseaux et autres visites d’endroits adjacents. Le couple de bûcherons qui vivent pauvrement dans ces bois voient leurs vies changées par l’arrivée inopinée d’une enfant enveloppée dans un tallith, châle de prière hébraïque. L’interprétation vocale des acteurs toujours juste et laissant percoler diverses émotions participe à cette immersion dans un monde pas si lointain, guidée par la voix maintenant d’outre-tombe de Jean-Louis Trintignant. La musique d’Alexandre Desplat est un peu trop présente, les silences étant souvent d’or.

Par ce conte visuel malgré tout lumineux, évoquant un moment atroce de notre Histoire, le cinéaste et l’auteur de l’œuvre initiale rendent ainsi également hommage à tous ces justes anonymes de ce temps et de tous les autres.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Michel Hazanavicius

Scénario : Michel Hazanavicius; d’après
le roman de Claude Grumberg
Direction artistique : Julien Grande
Montage : Michel Hazanavicius, Laurent Pelé-Piovani
Musique : Alexandre Desplat

Genre(s)
Animation
Origine(s)
France / Belgique
Année : 2024 – Durée : 1 h 20 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
The Most Precious of Cargoes

Michel Hazanavicius

Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale
[ Ex-Nihilo ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Mufasa the Lion King

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 20 décembre 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Rafiki raconte à la jeune lionne Kiara – la fille de Simba et Nala – la légende de Mufasa. Il est aidé en cela par Timon et Pumbaa, dont les formules choc sont désormais bien connues.

 

S  A  N S
COMMENTAIRES

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Barry Jenkins

Genre(s)
Animation
Aventures
Origine(s)
États-Unis / Italie
Année : 2024 – Durée : 1 h 58 min
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française
Mufasa le roi lion

Barry Jenkins

Dist. [ Contact ] @
Walt Disney Pictures
[ Fairview Entertainment ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

Nosferatu

P R I M E U R
Sortie
Mercredi 25 décembre 2024

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

Chair de

ton sang

 

S’il est un des films de Robert Eggers dont on se souviendra, c’est bel et bien The Lighthouse / Le phare (2019), où déjà le composition du procédé noir et blanc annonce ce Nosferatu tout à fait personnel, même si tiré du Dracula de Bram Stoker et, principalement, du chef-d’œuvre du muet, Nosferatu : A Symphony of the Horror / Nosferatu, eine Symphonie de Grauens (1922), du grand F.W. Murnau.

Loin en tout cas du tout de même remarquable Nosferatu, fantôme de la nuit / Nosferatu – Phantom der Nacht (1972) de Werner Herzog, œuvre ambitieuse qui touche plusieurs fronts.

En quoi cette énième version est-elle nécessaire ? Essentielle, peut-on ajouter, puisqu’elle aborde, principalement, le désir féminin, les fantasmes enfouis, l’obsession de l’interdit, d’aller au-delà du terrestre pour, soudain, entrer dans un monde hors-norme qui nous dépasse.

Comme l’une des premières séquences, remarquable, confirme par les mots que prononce Nosferatu (le prince Orlok) face à Ellen, impuissante, se donnant : « Viens à moi ». Pour des raisons qu’elle doit comprendre : accéder à un autre monde, éternel, puissant, là où le sang, élixir de vie est ce qui compte le plus.

Eggers, cette fois-ci, souligne à coups de séquences magnifiques qu’il possède une imagination fertile. Parfois, pour calmer les spectateurs, il s’adonne à des (très) petits intermèdes d’humour particulier, certes, mais qui se démarquent du récit principal : l’histoire d’amour évidente et indivisible entre un Vampire et une Belle femme.

« Viens à moi… tu n’appartiens pas à ce monde »

Mais le vampire en question soulève bien des interrogations dans le scénario de Eggers. Il est question de honte, de péché, de rapports aux Saintes écritures que l’on confirme par le port, surtout dans le cas des femmes, de la croix au cou. C’est un film Chrétien, en fait, oscillant entre la pureté des Écrits et ce que les autorités ecclésiastiques en ont fait.

Visiblement, un film faussement biblique entre l’Ancien et le Nouveau testament ; lorsque Ellen (excellente Lily-Rose Depp, fille de l’autre D.) et Anna Hardin (très émouvante Emma Corrin) se consolent par des mots d’amitié et de courage, étendues dans le lit comme de vraies amies, elles fixent la croix de l’une (celle d’Anna), comme le signe d’un profond désir d’échapper à la mort par la volonté divine.

Ces attouchements provocateurs entre la divinité et les forces du mal ne cessent d’obtempérer le film. Ce constat peut être confirmé par la volonté du réalisateur de remettre en question les fondements même de notre civilisation.

Reste alors un grand film sur Nosferatu (pour d’autres, Dracula). Ellen, pour laver sa honte, se donnera-t-elle à Orlok ? Dans la séquence la plus puissante du film, la plus érotique également, Eggers donne son consentement et filme, grâce à l’objectif audacieusement voyeur de Jarin Blaschke, l’une des scènes érotiques du cinéma occidental des plus troublantes et sexy.

Et puis, un terrain, certes sensible, mais pas tant que cela par les temps qui courent, dont personne n’a jamais parlé. Le vampire sanguinaire n’agit pas dans une perspective uniquement hétéronormative ; il avale le sang des femmes (de préférence puisqu’elles résistent plus facilement, hypnotisées par le charisme séducteur du monstre), mais aussi celui des hommes, qu’il prend plus brutalement pour les amadouer, d’égal à égal. Cette bisexualité innée n’a jamais été débattue et mérite une attention.

Reste alors un grand film sur Nosferatu (pour d’autres, Dracula). Ellen, pour laver sa honte, se donnera-t-elle à Orlok ? Dans la séquence la plus puissante du film, la plus érotique également, Eggers donne son consentement et filme, grâce à l’objectif audacieusement voyeur de Jarin Blaschke, l’une des scènes érotiques du cinéma occidental des plus troublantes et sexy.

Entre la chair et le sang, entre la Belle (farouchement Femme) et la Bête (visage brutal d’Homme, mais corps de…, une affection spirituelle et une association de corps et d’esprit indivisibles, poignantes.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Robert Eggers

Scénario : Robert Eggers; inspiré du scénario original
du film
Nosferatu et du livre Dracula, de Bram Stoker
Direction photo : Jarin Blaschke
Montage : Louise Ford
Musique : Robin Carolan

Genre(s)
Drame d’épouvante
Origine(s)
États-Unis / République tchèque
Année : 2024 – Durée : 2 h 12 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f. & Version française
Nosferatu

Robert Eggers

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures
[ Focus Features ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Horreur ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 54 55 56 57 58 753