Ces regards amoureux
de garçons altérés
@ Prospero
Un chant
d’amour
CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel
★★★★
Pour quelles raisons citer Genet dans le titre de notre critique ? Il y a dans l’esprit libre d’Éric Noël, une sorte de remise en liberté de l’âme, la sensation que le paraître se transforme du coup en « être », quitte à oublier son âme.
Ou plutôt la transformer en moments de plaisir, de dévouement, de recherche de l’impossible, d’assumer ses propres failles, mais dans le même temps, malgré les apparences, sortir gagnant, quitte à y laisser sa peau.
Ici, non pas une apologie du crystal meth, loin de là, mais de cette étrange aventure à travers les allées d’un endroit de plaisir dont les portes ouvertes ou entrouvertes demandent et refusent dans le même temps.
C’est une certaine condition homosexuelle d’ici et d’ailleurs qui se perd dans la nuit des temps. De toute façon, ces territoires, véritables sanctuaires des amours perdues et jamais retrouvées ne sont que l’emblème même de la tradition judéo-chrétienne de l’interdiction du sexe pour le simple plaisir.

Sur fond noir de solitude.
Crédit : @ Maxim Paré Fortin
Et dans ce décor merveilleux structuré de Philippe Cyr – on vous laisse le soin de le découvrir – où l’immensité d’un espace relevé au niveau des specteurs, procède en même temps d’un espace restreint vertical qui donne tout son sens à la proposition ; plus que cela, une déclaration presque politico-sociale qui secoue l’ordre, se permet des mots qui font mal à entendre parce qu’en fait, le public veut les entendre même s’il fait semblant de paraître choqué.
Ces regards amoureux de garçons altérés, titre d’une brillante évocation, n’est en fin de compte que la revendication d’un esprit libre, loin de toutes contraintes, assumant ses propres limites, soit de façon légale ou au contraire, rebelle.
C’est là encore que Éric Noël et Philippe Cyr, son porte-voix, se reconnaissent en Genet, ne cédant pas à une quelconque pression extérieure. Ces regards amoureux de garçons altérés, titre d’une brillante évocation, n’est en fin de compte que la revendication d’un esprit libre, loin de toutes contraintes, assumant ses propres limites, soit de façon légale ou au contraire, rebelle.
Ici, dans la pénombre des lieux, le récit d’un amour perdu que les lieux ne parviennent pas à faire oublier.
Et un comédien formidable qui se donne, littéralement, corps et âme, pour parfaire les contours de son monologue confessionnel. Bouleversant.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Texte
Éric Noël
Mise en scène
Philippe Cyr
Assistance
Félix-Antoine Gauthier
Interprètes
Gabriel Szabo
Décor : Philippe Cyr
Costumes : Philippe Cyr
Éclairages : Vincent de Repentigny
Musique : Vincent Legault
Sonorisation : Jules Potier
Création
Prospero
Durée
1 h 10 min
[ Sans entracte ]
Public
Interdit aux moins de 16 ans
Diffusion & Billets @
Prospero
(Salle intime)
Jusqu’au 3 mai 2025
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]