Cette colline n’est jamais
vraiment silencieuse
@ Prospero

CRITIQUE
[ Scène contemporaine ]
Élie CASTIEL

★★★ ½

Sisyphe et

ses complexes

Reprise du spectacle présenté en avril à La Chapelle, presque même distribution, cette fois-ci Philippe Boutin remplaçant Étienne Lou. Un succès la première fois qui explique ce séjour de deux semaines dans un autre lieu emblématique de la création contemporaine.

Nous n’avions pas vu le spectacle à LC pour des contraintes de temps. Qu’importe, les quatre protagonistes qui vivent le texte de Gabriel Charlebois-Plante sont des jeunes, des milléniaux, la vie devant eux, mais des tas de questions auxquelles, fort probablement, les baby-boomers n’ont jamais voulu répondre, trop soucieux sans doute d’éterniser une jeunesse qui n’est plus. Ou allez savoir pourquoi ?

Le même auteur assure la mise en scène, se donnant ainsi tous les droits sur sa création. Tant mieux puisque que du point de vue de la dramaturgie, cette fable contemporaine sur le mythe de Sisyphe demeure actuelle et ne peut être illustrée que par son créateur.

Goûter peut-être à une certaine normalité.

Cet anti-héros Grec qui ne cesse de pousser une énorme pierre au sommet d’une montagne, et qui, elle, ne cesse de retomber est une problématique de notre temps. Mais ça va plus loin…

De la part du quatuor en scène, une énorme conviction d’avoir saisis le texte de Charlebois-Plante, ses moindres métaphores, ses éternels recommencements, mais dans le même temps, une autothérapie de soi, de ses habitudes, comportements et relations aux autres, de la solitude aussi ; ce qui explique des présences uniques, une après l’autre, debout, assis ou sur le sol, un amoncellement de pierres de montagnes rocheuses – référence à Sisyphe.

Le même auteur assure la mise en scène, se donnant ainsi tous les droits sur sa création. Tant mieux puisque que du point de vue de la dramaturgie, cette fable contemporaine sur le mythe de Sisyphe demeure actuelle et ne peut être illustrée que par son créateur.

Si on n’a pas lu le texte de Charlebois-Plante, du moins, en cette Première médiatique, on n’arrivait pas ce que disaient les interprètes, son (musique) camouflant tout entendement. La nette conviction des protagonistes envers le texte n’arrive pas à cacher des interprétations un tant soit peu affectées, à la limite de la psychose. Tension qui s’atténue vers les dernières minutes du spectacle où le message est clair et s’évertue à rendre cette expérience de l’absurde aussi limpide que sophistiquée.

On peut se demander si les Grecs, ceux de l’Antiquité, ont décidé de nous poursuivre tout au long des siècles,  jusqu’à aujourd’hui, bien déçus de ce que nous avons accompli de mal face à leur enseignements.

 

FICHE ARTISTIQUE
Texte
Gabriel Charlebois-Plante
Mise en scène
Gabriel Charlebois-Plante

Distribution
Philippe Boutin, Amélie Dallaire

Papy Maurice Mbwiti, Élisabeth Smith

Scénographie : Odile Gamache
Éclairages : Julie Basse
Costumes : Maude Arès
Musique : Christophe Lamarche-Ledoux

Durée
55 minutes
[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux jeunes enfants
Diffusion & Billets @
Prospero
(Salle principale)
Jusqu’au 19 octobre 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]