Cheng Pei-pei
< 1946-2024 >
un Hommage
de
Pascal Grenier
Au revoir
belle hirondelle
Une grande dame du cinéma de genre vient de nous quitter. Surnommée la reine du wu xia pian (films de sabre chinois), l’actrice chinoise emblématique Cheng Pei-pei a marqué l’histoire du cinéma. Dans L’hirondelle d’or (Come Drink With Me / Dà Zuì Xià) du légendaire King Hu, elle est la première héroïne à incarner le rôle d’une guerrière experte en arts martiaux. Ce chef-d’oeuvre de 1966 produit par le studio Shaw Brothers a révolutionné le genre des films en intégrant des éléments de réalisme, des personnages complexes et des scènes de combat chorégraphiées avec une grande précision et une esthétique visuelle soignée. King Hu a apporté une profondeur et une sophistication sans précédent au genre. Et le rôle de Golden Swallow qu’incarne Cheng Pei-Pei à l’écran à l’âge de 19 ans seulement a ouvert la voie à de nombreuses autres actrices d’arts martiaux et a joué un rôle clé dans l’évolution des héroïnes d’action au cinéma. Un rôle qu’elle a ensuite repris en 1968 dans l’excellent Golden Swallow (Le retour de l’hirondelle d’or / Jin yan zi) de Chang Cheh.
Elle a continué à jouer dans de nombreux films d’arts martiaux tout au long des années 1960 et 1970, consolidant son statut d’icône du cinéma d’action. Après une pause dans les années 1980, elle est revenue sur le devant de la scène internationale avec son rôle secondaire de Jade Fox aux côtés de Michelle Yeoh, Chow Yun Fat et Zhang Ziyi dans le mémorable Tigre et Dragon (Crouching Tiger, Hidden Dragon / Wo hu cang long) de Ang Lee. Ce film a non seulement remporté un succès mondial, mais a également introduit Cheng à une nouvelle génération d’admirateurs tout en soulignant son importance durable dans le cinéma de genre.
En plus de ses talents d’actrice, Cheng Pei-Pei a également été reconnue pour ses contributions à la promotion de la culture chinoise à travers le cinéma. Sa carrière illustre non seulement la puissance de la narration dans les films d’arts martiaux, mais contribue aussi à l’évolution du rôle des femmes dans ce genre.
Fait à noter que l’actrice avait une formation en danse plutôt qu’en arts martiaux avant de commencer sa carrière au cinéma. Elle a étudié cet art à la Beijing Dance Academy, ce qui lui a fourni une base solide en termes de grâce et de mouvements fluides, compétences qu’elle a pu exercer dans ses rôles dans les films d’arts martiaux. Lorsqu’elle a commencé à travailler avec la Shaw Brothers, elle reçut une formation en arts martiaux bien structurée pour les besoins des personnages qu’elle incarnait. Son talent naturel pour la danse lui a permis d’apprendre rapidement et d’exécuter les chorégraphies complexes des combats de manière élégante et convaincante. Cette combinaison de danse et d’arts martiaux a contribué à son style distinctif à l’écran et à son succès durable dans le genre wu xia.
Durant ses belles années, Cheng Pei-Pei a collaboré à plusieurs reprises avec Lo Wei, un réalisateur prolifique de Hong Kong surtout connu pour avoir dirigé les premiers films de Bruce Lee (Le despote cruel / The Big Boss / Tang shang da xiong et La fureur de vaincre / Fist of Fury / Jing wu men). Dans The Shadow Whip (L’ombre du fouet / Ying zi shen bian), elle joue Yang Fan démontrant non seulement ses compétences en arts martiaux, mais aussi sa présence charismatique à l’écran. Son utilisation du fouet comme arme principale ajoute une dimension unique à son personnage et aux scènes de combat et le distingue des autres productions du genre de l’époque.
Parmi les nombreuses autres réussites où films notables mettant en vedette l’actrice chinoise, notons The Lady Hermit (Zhang kui niang zi / Les griffes de Jade), de Ho Meng-hua où elle y incarne une experte en arts martiaux qui va entraîner une jeune femme pour affronter un ennemi redoutable. Ce petit classique de l’âge d’or du cinéma de Hong Kong permet non seulement de contribuer à la renommée de l’actrice, mais sert de tremplin à introduire une nouvelle vedette féminine, Shih Szu, dans son premier rôle à l’écran dans le cinéma de combat de l’époque. Leur complicité à l’écran est contagieuse et la représentation forte et complexe de personnages féminins unis dans des scènes d’action captivantes en font une des grandes réussites du début des années 1970.
En plus de ses talents d’actrice, Cheng Pei-Pei a également été reconnue pour ses contributions à la promotion de la culture chinoise à travers le cinéma. Sa carrière illustre non seulement la puissance de la narration dans les films d’arts martiaux, mais contribue aussi à l’évolution du rôle des femmes dans ce genre.