Chevaliers
@ Pointe-à-Callière

ÉVÈNEMENT
[ Exposition ]
rapporté par
Luc Chaput

★★★ ½

 

Persistances

Lors de l’inauguration du Parlement à Ottawa cette semaine, le sergent d’armes portera la masse et la placera sur la table au centre de la Chambre des Communes en face du siège du président d’où le roi Charles lira le discours du trône. Une masse d’armes dans sa version plus militaire fait partie de la riche exposition présentée cet été au musée de Pointe-à-Callière (https://pacmusee.qc.ca/fr/expositions/detail/chevaliers/).

L’installation garde un aspect métallique avec ses grillages ajourés qui offrent au regard 250 pièces venant pour la moitié du musée conçu et réalisé par Frederick Stibbert à Florence. Au XIX^e siècle, cet héritier d’origine britannique se passionne pour l’époque médiévale et collectionne les armures et autres objets du temps ou des copies exactes ou presque de cette époque remise à la mode par le néo-gothique et certains types de romans d’aventure. La collection s’étend à d’autres civilisations (japonaise, arabe) et croit tant qu’elle oblige Frederick à agrandir son manoir dans lequel il reçoit ses amis pour présenter adéquatement ces œuvres. Dans la première salle de l’exposition, l’on remarque une copie du XVII^e siècle de la Mona Lisa de Léonard de Vinci, maintenant reconnue et sur laquelle on trouve sur Internet des renseignements.

Le parcours truffé d’objets bien identifiés nous informe sur l’arrivée de cet ordre chevaleresque qui permet à certains capables de se payer des montures et un personnel de prendre une meilleure position dans les sociétés. Des illustrations, tirées de documents anciens venant d’autres musées dont Cluny, permettent de baliser ce passage de page à l’adoubement et d’admirer le travail des artisans de divers types qui ont fabriqué ces cuirasses, épées, lances et boucliers qui sont les instruments de travail de cette classe noble. En arrière-plan, des écrans montrent des extraits de longs métrages sur le combat et l’art de la guerre. Le Lancelot du Lac de Robert Bresson ou le Chimes at Midnight (Campanadas a medianoche) d’Orson Welles dans lequel un treuil permet à Falstaff de s’asseoir sur sa monture auraient pu être adjoints à El Cid d’Anthony Mann.

Les jeux d’échecs, les lectures dans des livres à enluminures, les gisants de monuments funéraires illustrent ces rapports à la vie et à la mort que ces êtres ont tout au long de leur existence hors des combats et épisodes de représentation officielle. L’arrivée de l’arbalète puis de la poudre à canon modifie les techniques de combat et la cuirasse devient encore plus ornée et objet d’apparat dans les montres ou les tournées royales.

Le tournoi avec ses prestations dans un cadre plus festif a l’honneur d’une section. Il peut être source d’accident mortel comme celui d’Henri II de France en 1559 qui entraîna des bouleversements dans la monarchie nationale. Le tournoi a aussi une version plus âpre puisque le duel à mort du Jugement de Dieu se déroule dans le même type de lice. (https://kinoculturemontreal.com/?s=The+Last+Duel). Les jeux d’échecs, les lectures dans des livres à enluminures, les gisants de monuments funéraires illustrent ces rapports à la vie et à la mort que ces êtres ont tout au long de leur existence hors des combats et épisodes de représentation officielle. L’arrivée de l’arbalète puis de la poudre à canon modifie les techniques de combat et la cuirasse devient encore plus ornée et objet d’apparat dans les montres ou les tournées royales.

L’esprit chevaleresque d’entraide, d’honneur et de don de soi se retrouve donc aussi dans Les Trois mousquetaires et dans Cyrano de Bergerac et de nombreuses organisations comme la Légion d’Honneur ont le titre de chevalier dans leurs statuts. Cette exposition dans laquelle une partie interactive permet d’apprécier le poids des armes et l’athlétisme de certains incitera sûrement des visiteurs à continuer de remarquer l’influence de ce groupe dans l’habillement, les armoiries, les logos et les us et coutumes de notre époque.