Cloud Gate Dance Theatre
@ Place des Arts

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

 

Une œuvre artistique

fascinante

et intellectuellement

engagée

 

Une symbiose intérieure.
Crédit : Li Chia-yeh

De ces mots de présentation que l’on retrouve dans le programme virtuel, une phrase clé explique en quelque sorte la principale proposition du chorégraphe : si nous pouvons satisfaire nos besoins et nos désirs en appuyant simplement sur quelques touches d’un écran, à quoi sert le corps humain ?

Une interrogation à la fois fascinante par son esprit de création en même temps qu’inquiétante de par sa déshumanisation, même si dans cette perspective stérile, des cerveaux scientifiques s’échauffent à l’idée même d’arrêter le progrès.

Toujours est-il que l’œuvre ambitieuse du célèbre chorégraphe twaïnais Cheng Tsung-lung opte pour une sorte de réconciliation entre la nature terrestre et le bouleversement technologique qui opère, faut-il le souligner, de plus en plus vite. C’est là également une interrogation que les spectateurs doivent se poser en même temps qu’admirer la performance sublime et éthérée d’un corps de ballet composé de 13 danseurs et danseuses.

Si Lunar Halo débute par une sorte de composition physique qui ressemble à un mollusque qui se serait échoué quelque part, l’effet grandiose reproduit par la suite sa physicalité humaine, une association de corps qui s’entrelacent dans une sorte de communion, plus proche du rituel que d’une quelconque association d’esprits.

La musique du groupe islandais Sigur Rós suit à ce moment précis une logique de musique sereine, associée par moments, de sonorités plus éclatantes, comme si, du coup, elle annonçait ce qui suivra.

Entre le virtuel et le terrestre.
Crédit : Chang Cheng-chou

Ce qui suivra, en effet, est un amalgame, dans notre monde d’aujourd’hui, de calme passager et de tension constante qui oblige, apparemment, à la coexistence. Le proposition devient efficace par la création scénique du même chorégraphe-auteur, dont le miroir réflexive en biais, sur fond de scène, montrant une IA libérée de toute malformation s’intègre, ou à bien observer, tente de récupérer cette partie d’humanité qui persiste encore. Leçon sans doute retenue par une partie de la salle. Car au fond, que l’on veuille ou non, Lunar Halo est œuvre pieuse en même temps que politique, car à travers l’art de la danse, elle pose des véritables interpellations sur notre époque charnière.

On soulignera le corps frontal nu masculin en IA, impassible, format géant, qui jette son dévolu sans aucune agression sur une humanité qui, pour ainsi dire, ne fait qu’attendre que « le temps fasse son projet », pour le meilleur ou pour le pire. Quant à la question posée auparavant, il n’en tient qu’à l’humanité d’y répondre. 

Bien entendu, les exécutantes et exécutants de cette entreprise courageuse et dans le même temps évolutive, se donnent finalement, entièrement, corps et esprit. On soulignera le corps frontal nu masculin en IA, impassible, format géant, qui jette son dévolu sans aucune agression sur une humanité qui, pour ainsi dire, ne fait qu’attendre que « le temps fasse son projet », pour le meilleur ou pour le pire. Quant à la question posée auparavant, il n’en tient qu’à l’humanité d’y répondre. À moins que…

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE

LUNAR HALO
[Auréole lunaire]

Chorégraphie & Création
CHENG Tsung-lung

Corps de ballet
CHAN Pui pui, CHANG Hung-mao
CHEN Tsung-chiao, CHOU Chen-yeh
FAN Chia-hsuan, HSU Chih-hen
HUANG Lu-kai, HUANG Mei-ya
HUANG Po-kai, HUANG Yen-cheng
LEE Tzu-chun, SHAO Hsing-wen, YEN Hsueh-hsin

Musique : Sigur Rós
Concept visuel : Jam Wu
Éclairages : SHEN Po-hung
Vidéo : Ethan Wang
Costumes : CHENG shao-yen

Crédit : Lee Chia-yeh

Durée
1 h 10 min

[ Incl. 2 entractes ]

Public (suggéré)
Déconseillé aux moins de 13 ans

Diffusion & Billets @
Danse Danse

Vendred 29 et Samedi
30 novembre 2024

20 h

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]