Clue: On Stage
@ Segal Centre

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★

Les francs-tireurs

 

Si la tendance persiste, le Centre Segal, du moins dans la salle principale, ne présentera que des pièces rassembleuses, sans controverse, la plupart du temps visant à divertir. Signes du temps face aux nombreux échecs politiques du monde et une société, dans l’ensemble, fractionnée avec, comme palliatif, le célèbre « we-agree-to-disagree » (nous sommes d’accord à ne pas être d’accord), cet adage, véritable piège anti-débat et peu productif. Mais bon, tout ceci est une autre histoire, mais donne une idée de ce que peut être, parfois, la spectature telle que les groupes majoritaires la perçoive.

Toujours est-il que cette version scénique du film éponyme de Jonathan Lynn, sorti en 1985, à l’accueil passablement mitigé, repose sur le jeu des comédiennes et des comédiens, un récit à la Agatha Christie, sans l’incontournable Miss Marple, une scénographie, dans les circonstances, bien réussie tenant compte de la superficie de l’espace dramatique, et un casting signé Rachel Glait, choisi avec un flair habituel et certain. Elle a toujours été une véritable « casting director extraordinaire ».

Une équipe enthousiaste dont le jeu sent parfois l’exaltation extrême ; le geste se multiplie en diverses entorses, la caricature bat son plein, les fausses pistes sont monnaie courante. La séduction a même droit au chapitre de la grivoiserie, dans ce cas-ci, retenue. Les classes sociales de tous ces individus ne sont pas celles qu’on devine. Qui est le coupable de l’incident (mot trop faible sans doute) dont il est question ?

Qu’importe, la réaction de la salle est, comme à l’accoutumé au Segal, dithyrambique. On rit, on rit fort, et beaucoup, presqu’à chaque réplique. Elles sont toutes de Jonathan Lynn, scénariste du film et reprises ici pour épater la galerie, rendre l’atmosphère de la salle délirante.

La qualité du son, la pertinence de la musique, la prise en charge de l’éclairage, le bruit des tonnerres de l’extérieur, tous ces éléments de la théâtralité bien servis.

Ça se passe en Amérique, mais le tout semble bien British, notamment en ce qui a trait à l’humour macabre. Nous sommes dans le royaume de l’incongru, de l’excès, des répliques légèrement sanglantes ou extravagantes. La mort n’est pas une tragédie, mais l’occasion d’apaiser l’esprit tout en nous mettant dans l’esprit qu’il ne s’agit que d’un simple jeu entre le chat et la souris.

[ … ] cette version scénique du film éponyme de Jonathan Lynn, sorti en 1985, à l’accueil passablement mitigé, repose sur le jeu des comédiennes et des comédiens, un récit à la Agatha Christie, sans l’incontournable Miss Marple, une scénographie, dans les circonstances, bien réussie tenant compte de la superficie de l’espace dramatique, et un casting signé Rachel Glait, choisi avec un flair habituel et certain. Elle a toujours été une véritable « casting director extraordinaire ».

Un auditoire plutôt pas trop exigeant qui, dans d’autres occasions, aurait manifesté sans doute une complicité avec le récit et les personnages. C’est ce que le drame et la tragédie imposent toujours.

Nous sortons avec le sourire aux lèvres, la joie d’avoir partagé 90 minutes hors de la réalité, contents de n’avoir pas perdu notre temps, mais pour certains, très très peu nombreux, une sorte de petite désillusion d’avoir, encore une fois, senti le poids que les spectacles (et les films) d’aujourd’hui sont, en général, des remèdes provisoires contre la réalité, elle plus authentique.

Scénographie Brian Dudkiewicz
Concept sonore Troy Slocum
Costumes Louise Bourret
Éclairages Sonoyo Nishikawa
Musique Michael Holland

Durée
1 h 30 min
[ Sans entracte ]

Auditoire (suggéré)
Déconseillé aux moins de 13 ans

Diffusion & Billets @
Centre Segal
Jusqu’au 29 juin

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]