Comrade Dov

SUCCINCTEMENT
Portrait de Dov Khenin, seul Juif membre du parti arabe Hadash, à la Knesset d’Israël. 

DÉCOUVERTE
[ Israël ]

texte
Élie Castiel

★★★★

Pendant 13 ans, il a siégé à la Knesset, imposant un discours favorable  à l’idée d’un dialogue intelligent entre Israéliens et Palestiniens, au grand dam des autres membres du parlement et d’une partie de la population qui le traite de communiste, d’ennemi à la nation et de Juif ashkénaze privilégié. Les Arabes israéliens sont, bien entendu, de son côté et admirent sa gouaille, son calme agité quoique contrôlé et un sens de la répartie irréprochable.

Persona non grata

Lors des assemblées, les querelles sont monnaie courante. Dans les manifestations et les assemblées de son parti (où il est le seul Juif), il est en première ligne. Mais il faut dire qu’il se bat aussi contre les inégalités sociales que vivent une grande partie de la population, qu’il s’agissent de Juifs ou d’Arabes, notamment à Tel-Aviv, capitale économique du pays et centre névralgique de la mouvance sociale et culturelle.

Mais ces quelques dernières années, il a reçu des remontrances, voire des critiques de membres de son parti (Hadash, d’allégeance communiste), dont celles de l’Arabe- israélienne Hana Amoury et de la Juive séfarade Orly Noy; la première lui rappelant qu’il ne comprend pas tout à fait la cause palestinienne, la seconde qu’il profite, en tant que citoyen ashkénaze, des privilèges que la société israélienne lui procure.

En somme, Dov Khennin, homme instruit, citoyen responsable de ce qui se passe à l’intérieur d’un Israël où le capitalisme et l’individualisme ont balayé du revers de la main les idéaux collectifs de partage et de justice d’une société égalitaire pour transformer la dynamique à coups de Start-ups et d’autres affinités du genre.

Dov Khennin, est en quelque sorte la brebis galeuse d’un pays qui, malgré les apparences le plus souvent affirmées et solides, cherche encore sa véritable voie.

Équivalent socio-politique d’un Amos Gitaï ou d’un Avi Mograbi, Khennin est un personnage parfaitement cinématographique simplement parce que son parcours est constamment semé d’embûches et qu’à chaque fois, il s’en tire comme un loup dans la bergerie.

La mise en scène de Barak Heymann sert de témoins aux diverses allées et venues de ce citoyen au-dessus de tout soupçon, s’attache à lui comme c’est le cas de l’objectif de la caméra, insistante en même temps qu’amicale et complice, filmant, par exemple, une Knesset en état d’ébullition et des manifestations où elle devient elle-même personnage à part entière. Les têtes parlantes font partie des codes de la narration documentaire, mais elles servent ici de moyen à mieux comprendre le personnage. À élucider son mystère.

Loin du héros messianique qu’on peut avoir de lui, Dov Khennin décide de prendre sans doute la meilleure décision de sa vie : quitter la Parlement. Par ce geste, il joint le commun des mortels dans sa lutte pour les droits humains, même si au fond, il est, même à son insu, conscient qu’il continuera ses combats, ses luttes et qu’elle ne mèneront nulle part, du moins, si la tendance se maintient. Dov Khennin, est en quelque sorte la brebis galeuse d’un pays qui, malgré les apparences le plus souvent affirmées et solides, cherche encore sa véritable voie.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Barak Heymann

Uri Levi

Genre(s)
Documentaire politique

Origine(s)
Israël

Année : 2019 – Durée : 1 h 15 min

Langue(s)
V.o. : hébreu, arabe; s.-t.a.
Ha ’Haver Dov

Contact @
[ Heymann Brothers Films ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.

★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]