Contre toi
@ Duceppe

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★

Le diable

au corps

Le film, Closer (Intime, ici, Entre adultes consentants, dans l’Hexagone) qui date de 2004, paraît sage, prudent, comparé à la transposition scénique de Solène Paré, une première signature au Duceppe, et la traduction de l’incontournable Fanny Britt qui ne lésine pas sur les mots crus, sur les sous-entendus, les signes évidents de manque de retenue des personnages.

Le public est-il mal à l’aise alors qu’en privé, tout peut se dire, se faire, se faire faire ? L’intime et le privé seraient-ils des choses du passé ? C’est en tout cas ce que la traductrice et la metteure en scène semblent dirent au public.

D’un commun accord puisque malgré tous les inconforts que Contre toi peut produire à certains, force est de souligner qu’il s’agit là d’une proposition où la confusion dans les choses de l’amour et de la sexualité est mise en cause d’un commun accord.

Un changement majeur en comparaison au film de Nichols : Dan, à l’écran, est incarné par Jude Law ; aujourd’hui, sur scène, c’est Isabelle Blais qui se met dans la peau du personnage, assumant son lesbianisme avec fort déchaînement.

La volonté de ne pas résister.
Crédit : Duceppe

Intrigues amoureuses, jalousies perverses, jeu de rôles par messages cellulaires. Le monde, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Trahison aussi.

La pièce de résistance ? Justement cet échange de jeux interdits reproduits par voie du cellulaire, mais simplement par mots. Encore une fois, ça met mal à l’aise, ça secoue la salle un tant soit peu, ça dérange, mais on ne souhaite pas que ça s’arrête. C’est bel et bien, la « conscience occulte du fantasme » que nous avons tous et toutes en nous, bien entendu à des degrés différents, mais qu’importe.

Pour ce texte, j’ai dû réfléchir quelques jours avant d’adresser ma critique, pas encore prêt suite à la représentation de vendredi soir dernier. Une réaction immédiate négative, car pas habitué à voir la scène québécoise pour grand public prendre d’assaut les mentalités parfois conservatrices de l’assistance.

La pièce de résistance ? Justement cet échange de jeux interdits reproduits par voie du cellulaire, mais simplement par mots. Encore une fois, ça met mal à l’aise, ça secoue la salle un tant soit peu, ça dérange, mais on ne souhaite pas que ça s’arrête. C’est bel et bien, la « conscience occulte du fantasme » que nous avons tous et toutes en nous, bien entendu à des degrés différents, mais qu’importe.

Mais c’est surtout de désespoir que parle autant l’œuvre de Marber que la mise en scène de Paré ; avec autant de violence que de sensualité à laquelle nous ne sommes pas encore habitués.

Et c’est sans doute que Contre toi marque le début d’une nouvelle ère d’écriture (merci à Fanny Britt) dans la dramaturgie québécoise, bien qu’il s’agisse d’une pièce anglophone.

La séquence du pole dancing indique justement ce processus d’identification sexuelle, bien sûr hétéronormatif, qui entre dans le choc des valeurs du présent siècle, à peine entrant dans son deuxième quart.

Mais une chose est certaine : les personnages qui virent à droite et à gauche, partout, sont féminins. Le contraire, des hommes, aurait provoqué l’indignation. Mais cela, on le savait déjà.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
texte
Patrick Marber

traduction
Fanny Britt ; à partir de

l’original anglais, Closer
mise en scène
Solène Paré
assistance à la mise en scène
Félix-Antoine Gauthier

distribution
Isabelle Blais, David Boutin

Inès Defossé, Alice Pascual

décor Geneviève Lizotte
éclairages Julie Basse
costumes Oleksandra Lykova

musique Christophe St-Denis
vidéo Julien Blais

durée
1 h 55 min
[ Sans entracte ]

public (suggéré)
Déconseillé aux moins de 16 ans

diffusion & billets @
Duceppe
Jusqu’au 15 février 2025

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. Bon ★★★
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]