Corpus Christi
PRIMEUR
Sortie
vendredi 28 février 2020
SUCCINCTEMENT
Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un Centre de détention pour la Jeunesse, mais le crime qu’il a commis l’empêche d’accéder aux études de séminariste.
COUP DE CŒUR
de la semaine
texte
Élie Castiel
★★★★ ½
Pardonnez
nos offenses
Troisième long métrage du Polonais Jan Komasa, proche de la quarantaine, en quelque sorte l’âge le plus créatif, Corpus Christi étonne, surprend, désoriente agréablement et nous laisse un goût de totale apothéose, et pas nécessairement au sens religieux. Mais notamment dû à une mise en scène assurée, mordant les différentes impulsions de l’individu selon une approche aussi agnostique que fondée sur la spiritualité. C’est de cela que Daniel se nourrit, d’une âme singulière, d’une piété qui le transforme lorsqu’il prend les habits de faux prêtre. Certainement, Corpus Christi n’est pas un film fondamentalement catholique, mais au contraire, atteint d’un degré d’humanité laïque qui permet à l’individu d’extraire les meilleurs bonds de ses entrailles. Comme le fait, encore une fois, le personnage de Daniel, exceptionnel Bartosz Bielenia – jouant différents registres avec une assurance et une composition hors du commun, comme s’il construisait son rôle au fur et à mesure que les fils délicats de son périple inusité se créent sans qu’ils s’annoncent. Qu’importe son âge. Son physique, son expression faciale, sa détermination à donner au drame une sorte de vie en soi lui permet de porter le film sur ses épaules, sans qu’il en ressente le poids.
Le film aborde de façon brillamment séculière la notion de confession (à l’église avec un ancien ennemi dans un champ/contrechamp voilé admirable, les lettres qu’on découvre et qui serviront de guide à l’absolution d’un drame antérieur). Mais Komasa opte pour une nouvelle option. Celle du pardon, de la rédemption, de cette forme de rachat qui consiste à donner à tout individu une seconde chance. N’est-ce pas là un des droits fondamentaux de nos sociétés occidentales actuelles malgré, parfois, les pires exactions commises au nom d’une instabilité émotionnelle?
Et puis, la découverte de la vérité qui conduit éminemment au dernier plan du film, construit abruptement, comme si ce coup de matraque sur les spectateurs les faisait prendre conscience que c’est ainsi aussi que peut parfois se construire un meilleur avenir. Troublant, lumineux.
Typiquement polonais par l’utilisation de la couleur, de la mise en scène typique d’un certain cinéma est-européen, évoquant Wajda, Kieslowski et autres Holland, Kawalerowicz ou encore Zanussi, le film de Jan Komasa les honore en leur offrant, avec ce film, un hommage bouleversant.
Le passé de Daniel l’a directement conduit dans un centre de réinsertion. Et c’est là, contre toute attente, où petit à petit commence son éducation sociale. D’où sa réaction dans la première séquence du film où il assiste à une très brève situation de viol collectif sur un de ses camarades.
Et puis, la découverte de la vérité qui conduit éminemment au dernier plan du film, construit abruptement, comme si ce coup de matraque sur les spectateurs les faisait prendre conscience que c’est ainsi aussi que peut parfois se construire un meilleur avenir. Troublant, lumineux.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jan Komasa
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
Pologne
Année : 2019 – Durée : 1 h 55 min
Langue(s)
V.o. : polonais; s.-t.a. ou s.-t.f.
La communion
Boże Ciało
Dist. @
[ Kino Lorber ]
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
[ Cinéma Moderne / Horaire irrégulier ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]