Couper
CRITIQUE.
[ Scène ]
★★★ ½
États
de
conscience
modifiés
texte
Élie CASTIEL
Ce n’est qu’à la sortie que nous reconnaissons l’espace de la salle intime habituellement aménagée. Pour les besoins de Couper, nous sommes transportés dans un avion, sièges en rangées des deux côtés du couloir. Sur scène, une seule interprète qui parcourt les espaces, comme totalement habitée par un texte hors-norme.
Véronique Pascal a elle-même traduit Cut, du dramaturge australien Duncan J. Graham. Ce qui lui donne une longueur d’avance. Une écriture radicale, parallèle, en marge des courants même les plus réfractaires. Si l’on se fie à la traduction, une suite d’idées, de pensées négatives, de peurs incontrôlables, mais en même temps de cette volonté innée de ne pas se soumettre à l’irréversible.
La mise en scène de Marc-André Thibault est confronté à un espace exigu qui l’oblige à recourir à une imagination hors du commun. Allées et venues incessamment jouant la carte de la surenchère, exaspérant la principale intéressée autant que le public-voyageur de cet étrange avion-fantôme qui se comporte comme il l’entend.
Recours aux films d’horreur, au drames d’épouvante. Les lumières s’éteignent complètement. La salle est noire. Pour l’assistance, une expérience hallucinante. Entre le grand guignolesque travesti en discours sur les féminicides et la possibilité d’un terrain dramaturgique autre, voire même du domaine du « jamais-vu », Couper, au titre presque indûment cinématographique, se faufile dans l’horizon avant-gardiste du cette catégorie de théâtre en devenir.
Pour illustrer ces revendications intimes, Véronique Pascal se livre à un étrange jeu entre la séduction (hôtesse de l’air) et le combat face à l’agression – rêve? Imagination? Cauchemar éveillé? Somnambulisme?.
Des états d’âme qui exaspèrent autant qu’ils nous rapprochent de la protagoniste. Seule, en personne, ou en compagnie de son ombre, le personnage sans nom est pris dans un espace où l’échappée est quasiment impossible à réaliser.
Une pièce qui se démarque, à prendre ou à laisser.
ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Duncan J. Graham
Traduction
Véronique Pascal
À partir de l’original, Cut
Mise en scène
Marc-André Thibault
Assisté de Catherine Paquin-Béchard
Interprète
Véronique Pascal
Scénographie
Thierry Vigneault
Dramaturgie
Mathieu Leroux
Costumes
Leilah Dufour Forget
Éclairages
Cédric Delorme-Bouchard
Durée
50 minutes
[ Sans entracte ]
Diffusion & Billets
@ Prospero
(Salle intime)
Jusqu’au 1er avril 2023
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]