Des documentaires aux RVQC
ÉVÉNEMENT
Les Rendez-vous Québec Cinéma
texte
Luc Chaput
Des personnes dans la tourmente
Depuis plus d’une quarantaine d’années, a lieu à Montréal et maintenant en tournée régionale, une semaine et plus où le cru cinématographique québécois est lancé en partie dans le cadre d’un festival qui permet aussi au public de voir ou revoir des œuvres récentes ou plus anciennes. Comme au temps où le cinéma direct prenait une grande place avec les films de Perrault et Brault, Labrecque, Leduc par exemple, le documentaire continue de scruter certaines situations.
Un Syrien immigrant récent s’implique dans sa communauté proche et plus élargie. Pascal Sanchez, dans Loin de Bachar, filme habituellement de profil et en gros plan Adnan Al-Mahamid lorsqu’il évoque son douloureux passé comme militant des droits de l’homme à Derra sous la dictature de Bachar el-Assad. Le cinéaste, qui avait déjà côtoyé l’expérience moyen-orientale en tant que coadaptateur avec Wadji Mouawad de sa pièce Littoral, montre la famille dans son logement et les enfants dans diverses activités scolaires. Adnan est devenu travailleur social après des études universitaires à Montréal alors qu’il était ingénieur dans son pays ravagé depuis 2011 par une guerre civile. Les effets de ce conflit dévastateur sur cette famille, leurs proches et leurs compatriotes d’ici ou d’ailleurs constituent un autre des thèmes forts de ce long métrage où l’empathie réciproque entre le réalisateur et cette famille en enveloppe continuellement les plans.
Charles Gervais dans Résistance : la police face au mur illustre le travail du nouveau directeur de police de Longueuil Fady Dagher qui veut changer la relation entre la police et les citoyens en modifiant certaines pratiques de son corps policier. Quelques actions policières d’enquête et de filature aux images en partie floutées parsèment cet exposé du programme Mobilis 3 contre la prostitution juvénile dont les conséquences judiciaires sont d’ailleurs mal expliquées. Plusieurs entrevues avec ce directeur charismatique chez lui ou à son bureau ainsi qu’avec d’autres partisans de ce changement également à leur domicile ne trouvent pas ici d’échos contradictoires avec des universitaires ou des collègues d’autres instances policières aptes à soupeser les paradigmes de ces nouvelles pratiques.
Une pompière à Montréal, en tant que membre d’une équipe de première réponse, participe au sauvetage d’un individu en détresse respiratoire dans un parc. La réalisatrice Louise Leroux avait déjà réalisé, en 2006 avec Bruno Boulianne, le moyen métrage Pompiers Boréals sur leurs collègues face aux incendies de forêt. Son travail de longue haleine ici l’amène à suivre des femmes pompières dans des grandes villes appelées à combattre également des incendies d’importances diverses. En contrepoint, la caméra à l’épaule de la cinéaste accompagne des étudiantes dans le complexe parcours technique et physique pour devenir des consœurs de leurs aînées. Son montage donne également une grande place à l’implication de l’enseignante en sécurité Incendie Anik St-Pierre pour faire en sorte que plus de jeunes filles soient intéressées par cette profession et afin que les conditions d’accès aux postes tiennent plus compte de ces nouvelles réalités. L’alternance dynamique de scènes d’action et de réflexion permet de mieux appréhender cette situation changeante. Il s’agit du long métrage Femmes des casernes.
Parmi les films de retour cette année, signalons tout d’abord le long métrage de 1987 Les Bleus au cœur de Suzanne Guy, La fin des terres de Loïc Darses et La fille du cratère de Nadine Beaudet et Danic Champoux, portrait de la conjointe de Pierre Perrault l’archéologue Yolande Simard. Dans un autre domaine, la Soirée Prends Ça Court! revient avec ses nombreux prix qui récompenseront le travail de cinéastes d’œuvres courtes mais denses, joyeuses ou même dérangeantes.