Douleur et gloire
Semaine 42
du 18 au 24 octobre 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
Primeur
COUP DE CŒUR
de la semaine
Élie Castiel
★★★★★
LES LOIS DU DÉSIR
Quel désir? Le cinéma.., et sans doute aussi la vie, tout simplement. Chant du cygne ou au contraire, début d’une nouvelle aventure? Nous souhaitons la deuxième proposition pour un cinéaste qui a toujours filmé en liberté; figure majeure de la movida cinématographique d’un post-franquisme réducteur, Pedro Almodóvar conserve néanmoins dans ses films quelques éléments de cette époque, comme, ici, par le biais du flashback, la chanson (A tu vera, très populaire dans le monde hispanique, dont le Nord du Maroc).
Œuvre entière, intègre, impulsive, prise en charge par une mise en scène biographique qui épouse les codes du genre avec autant d’audace que de subtilité, n’évitant en aucun cas le pathos; pour mieux encadrer le propos, pour faire en sorte que « faire du cinéma » – et sans doute « écrire sur le cinéma » – est un acte de foi, un rituel où l’auteur nourrit son imagination en s’infiltrant chaque fois dans un nouvel univers qui parfois le dépasse.
Tel se présente Douleur et gloire. On aura remarqué que le titre n’est pas un hasard, mais propose la souffrance, le déchirement, avant de pouvoir finalement créer pour atteindre la gloire, le succès, la reconnaissance (scène du débat par cellulaire dans une salle de cinéma). Car c’est en effet la dénomination du film qui constitue sa véritable essence. Comme si Almodóvar construisait son propre récit. Et comme au cinéma, en trichant sans doute un peu, en prenant conscience qu’il dirige des comédiens avec qui il a déjà tourné et tiennent eux aussi à donner leur vision des choses.
Le cadre est au service du personnage principal, alter ego du cinéaste joué par un Antonio Banderas (La loi du désir / La ley del deseo), cet « autre moi » tenu de se mettre dans la peau du cinéaste (certains penserons peut-être à une mise en abyme psychanalytique). Et le comédien réussit avec aplomb dans une interprétation sublime; dans son absence du cadre, Almodóvar n’aura jamais été aussi présent.
Œuvre entière, intègre, impulsive, prise en charge par une mise en scène biographique qui épouse les codes du genre avec autant d’audace que de subtilité, n’évitant en aucun cas le pathos; pour mieux encadrer le propos, pour faire en sorte que « faire du cinéma » – et sans doute « écrire sur le cinéma » – est un acte de foi, un rituel où l’auteur nourrit son imagination en s’infiltrant chaque fois dans un nouvel univers qui parfois le dépasse.
Film gigogne, Douleur et gloire emboîtent les thèmes les uns dans les autres, ne se privent pas de tempérer (comme le solo théâtral) ou stimuler (lorsque le jeune Salvador, de son lit, regarde, impuissant, la nudité – dévoilée? – du jeune maçon.
Le genre biographique triomphe ici puisqu’il est abordé avec âme et passion. Deux qualificatifs appuyés par la brillante direction photo de José Luis Alcaine – La peau que j’habite / La piel que habito (2011), accommodant les diverses atmosphères avec ingéniosité. La présence de l’impériale Penélope Cruz et de la bouleversante Julieta Serrano confirme également que le cinéma d’Almodóvar est un travail d’équipe et d’étroite et régulière collaboration.
Captivant, faisant preuve d’une grande maturité.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Vendredi 18 octobre 2019
Réal.
Pedro Almodóvar
Genre(s) : Drame
Origine(s) : Espagne
Année : 2019 – Durée : 1 h 54
Langue(s)
V.o. : espagnol; s.-t.f. & s.-t.a. / Version française
Dolor y gloria
Pain and Glory
Dist. @
Métropole Films
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc [ dès le lundi 21 octobre ]
Cineplex
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]