English
CRITIQUE.
[ Scène ]
★★★ ½
texte
Élie Castiel
Signes
prometteurs
d’ouverture
Une équipe de Canadiens originaires d’Iran. Belle percée, ici, dans le domaine de la diversité dans le domaine culturel, également une approche directe et sentie avec le sujet. Mais dans le même temps, peut-être un inconvénient.
Le décor de Anahita Dehbonehie, également metteure en scène avec le Canado-argentin Guillermo Verdecchia, est parfait : vieille salle où ont lieu les cours de TOEFL si connus des nouveaux arrivants. On suit les hauts et les bas d’une classe en particulier – toutes des femmes, et un seul homme.
Rires, explosions de bonne humeur, accents excédants, anglais approximatif, petites flèches d’amour subtilement lancées du seul mâle envers l’enseignante, plutôt réservée.
Et puis English, la seule langue qu’il faut utiliser.
En 85 minutes, le tour est joué adéquatement. Si d’une part, on est dans un nouveau pays et qu’il faut s’adapter à un nouveau regard social et politique, faut-il pour cela renoncer à sa propre culture d’origine et particulièrement à sa langue maternelle, comme on dit.
La question est posée et bien que la réponse soit connue depuis des lustres, depuis les premières vagues d’immigration, le problème semble résider d’après Sanaz Toossi, qui elle, de parents Iraniens installés aux États-Unis participent de cette approche où la création se développe, du moins dans English, de cette nécessité d’exagérer le geste, de dramatiser les moments, de sentir la frustration dans certaines situations.
Pour le modèle occidental, tout cela peut paraître manquer de distance, de recul devant le « trop senti », le « trop délibéré ». Mais puis, après quelques minutes autour d’une équipe de comédiennes, et un comédien, une sorte de sensation de bien-être qui se déclenche chez les spectateurs. Ou mieux dit, finalement on arrive à mieux « connaître l’autre ».
Il s’agit d’une écriture instantanée, prudente en même temps, mais d’une force inouïe de persuasion qui situe les protagonistes, comme ça, sans qu’on s’y attende, dans une sorte révolte indicible, ou parfois le contraire, comme le manifeste si bien Ghazal Azarbad dans le rôle de Elham. En fin de compte, parvenue à une entente avec une certaine réalité.
L’altérité n’est plus une faille, mais un agrément. Le théâtre québécois francophone, petit à petit, s’engage de plus en plus dans cette voix. Par exemple, dans King Dave, la réplique canado-africaine demeure décomplexée et livre tous ses émois.
Pour revenir au sujet, le texte de Toossi n’est pas revendicateur, mais en plein « dialogue » avec le sujet et les « sujets », c’est-à-dire avec ces personnages de l’ombre qu’on oublie car se perdant dans la foule. Il s’agit d’une écriture instantanée, prudente en même temps, mais d’une force inouïe de persuasion qui situe les protagonistes, comme ça, sans qu’on s’y attende, dans une sorte révolte indicible, ou parfois le contraire, comme le manifeste si bien Ghazal Azarbad dans le rôle de Elham. En fin de compte, parvenue à une entente avec une certaine réalité.
ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Sanaz Toossi
Mise en scène
Anahita Dehbonehie
Guillermo Verdecchia
Interprètes
Ghazal Azarbad, Ghazal Partou
Sepehr Reydod, Aylin Oyan Salashoor
Banafsheh Taherian, Sina Suren
Eion Bailey (voix), Fiona Sauter (voix)
Durée
1 h 25 min
[ Sans entracte ]
Diffusion & Billets
@ Segal Centre
(Salle principale)
Jusqu’au 2 avril 2023
Classement
Aucune restriction d’âge
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]