Entwined
SUCCINCTEMENT
Pour des fins humanitaires, Panos, médecin urbain, déménage dans un petit village perdu de la Grèce, depuis longtemps, sans services médicaux. Il rencontre Danae, une étrange jeune femme qui changera à jamais sa vie.
CRITIQUE.
[ EN LIGNE ]
texte
Élie Castiel
★★★ ½
Après cinq courts sujets entre 2003 et 2011, le Grec Minos Nikolakakis signe finalement son premier long métrage, poursuivant sa thématique autour de l’imprévisible, d’où surgit, en filigrane, le thème éternel de l’amour inconditionnel.
Car malgré les apparences, Entwined, que l’on pourrait traduire en français, dans ce contexte-ci, par « Enlacé », est un film sur l’affect, sur ces zones grises qui unissent un être à l’autre. Et lorsque le récit se transforme en quelque chose de surnaturel, le cinéaste a recours aux anciens mythes fondateurs de l’Antiquité, là où déités, sorcellerie, envoûtements, émerveillements et tout particulièrement la nature ont droit de cité, gouvernent la mouvance sociale et nul n’est protégé contre ces lois dictées.
Labyrinthes
D’où cet aspect intemporel des habitants nourris de superstitions. Le film devient intéressant à partir du moment où les deux amants, Danae et Panos, maudits comme Orphée et Eurydice, commencent à vivre leur histoire d’amour
Aux yeux de Danae, le jeune homme se présente comme un Prince charmant, alors que sa vie, jusqu’à présent, a été de vivre auprès d’un vieillard. Mais la vérité est tout autre. Petit à petit, les fils du mystère se dénouent jusqu’à une fin subliminale où, indiscutablement, Nikolakakis assume son cinéma, celui construit autour de la fantaisie, permettant mille et une variations, au charme suranné et toujours classique, de ce qui fait que l’on préfère voir un film sur grand écran.
Et il ne faudrait surtout pas négliger les bruits, les sons, la nature qui se dresse contre l’individu et, comme par magie, l’englobe dans son propre système. Aimer, se soustraire à l’autre, c’est aussi donner le plus de soi-même, ou mieux, s’offrir entièrement. C’est du moins ce que propose le jeune cinéaste grec. De la génération post-crise-économique (même si, dans un sens, elle perdure), Nikolakakis est de ces faiseurs d’images nourris de maintes références cinématographiques extérieures – Avouons que le Festival international du film de Thessalonique a aidé amplement en ce sens.
Prometheus Aleiferopoulos et Anastasia-Rafaella Konidi composent des personnages perdus dans un univers surréaliste où, la nature plus que tout, les enchaînent pour mieux les délivrer. Paradoxe entre Éros et Thanatos, entre l’affect et l’abandon total. La mort, dans toute ses erreurs et sa cruauté, paraît ici libératrice.
Les thèmes de l’isolement, de la déroute, de l’insoutenable difficulté de vivre , de la précarité des émotions, des tourments de l’âme, s’inscrivent dans une perspective philosophique, même si parfois un peu écorchée et poussée démesurément. Nikolakakis émeut autant qu’il désoriente, n’hésite pas une seconde à éviter les quelques faux pas, quitte à plus tard se dédouaner avec une séquence brillante ou un plan majestueux.
Prometheus Aleiferopoulos (Panos) et Anastasia-Rafaella Konidi (Danae) composent des personnages perdus dans un univers surréaliste où, la nature plus que tout, les enchaînent pour mieux les délivrer. Paradoxe entre Éros et Thanatos, entre l’affect et l’abandon total. La mort, dans toute ses erreurs et sa cruauté, paraît ici libératrice.
Un cinéaste à surveiller à condition que son enthousiasme ne subisse pas, comme c’est le cas ici, les excès de la passion.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Minos Nikolakakis
Scénario
John De Holland, Minos Nikolakakis
Image : Thodoros Mihopoulos
Montage : Yorgos Yorgopoulos
Son : Yannis Antypas
Musique : Sotiris Debonos
Dir. art. : Chrysa Daponte
Producteur(s)
Minos Nikolakakis, Lilette Botassi
Interprètes
Prometheus Aleiferopoulos, John De Holland
Maria Eglezaki, Anastasia-Rafaella Konidi
Kostas Laskos, Manos Vakousis
Genre
Drame fantaisiste
Origine(s)
Grèce / Grande-Bretagne
Année : 2019 – Durée : 1 h 29 min
Langue(s)
V.o. : anglais, grec ; s.-t.a.
Alithí
Diffusion @
Cinémas virtuels (États-Unis) / Dès le vendredi 28 août 2020
VOD / Dès le mardi 8 septembre 2020
Sur plateformes numériques : iTunes, Amazon, Google, etc…
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]