Faire le bien
@ Théâtre du Rideau Vert

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★ ★ ★

L’infaillibilité

de l’imparfait

 

Lui, François Archambault, elle, Gabrielle Chapdelaine. Un duo pour l’écriture d’un texte destiné à huit artistes de la relève théâtrale. Pour la mise en scène, Claude Poissant. Que peut-on ajouter de plus ?

Comme dénominateur commun aux huit interprètes, la comédienne Ève Landry, les laissant s’agiter dans une scène, dont le décor aux nombreux crayons (je suppose que je ne me trompe pas) émanant à l’envers du haut du plafond indique l’âge des personnages sans noms.

Qu’importe, le tout est une série de sketches tournant autour de la notion du Bien et du Mal. De ce que nous sommes censés dire ou pas. De la censure, de son absence, de l’hypocrisie qui, parfois, est nécessaire pour la suite du monde. Pour tous ces gestes instinctifs qui nous guettent constamment sans qu’on s’en rende compte.

C’est à la fois touchant et parfois émouvant. On sourit – même si ce soir de Première médiatique, c’était le fou-rire déchaîné – on se demande bien le pourquoi de cette réaction instantanée, comme si, dans un sens, c’était arrangé avec le gars du théâtre.

Mais bon, une mise en scène, ou plutôt courtes mises en scènes pour les diverses parties, certaines justes et finement interprétées, d’autres inégales, décousues, ne s’en allant nulle part et, du coup, perdant le film conducteur.

Une sorte de symbiose des pensées.
Crédit : @ David Ospina

On parle d’amour, d’amitié, d’homosexualité (masculine et fémine) même si on sait où ça doit s’arrêter, de censure, de contre-censure, d’instinct perdu, de liberté jamais retrouvée, des boomers qui ne servent presque plus à rien. Mais surtout de cette génération qui cherche encore sa voie.

Devant un tel sujet et plus que tout, face à des jeunes interprètes de la relève, Claude Poissant a sans doute penser que leur donner un certain temps d’improvisation réglerait le tout. Et peut-être que ce n’est pas vraiment, par moments, improvisé. Le critique est devant une pièce aux formes diverses, un seul alibi en commun, plusieurs voies dans le jeu des interprètes.

Faire le bien parle de notre époque, des jeunes dans la vingtaine ou trentenaires. Les  milléniaux de ce nouveau siècle qui tarde vraiment à s’imposer un caractère, fort, valide, censé et prêt à se jeter dans les griffes d’un monde imparfait.

À mon humble avis, l’originaire du Maroc Mehdi Boumalki vole la vedette. Il ne fait qu’être lui-même. Je suis originaire du même pays et je reconnais la spontanéité, la joie d’être sur scène et plus que tout, ce rapport à l’autre qui crée les échanges les plus cordiaux.

Tous les autres interprètes sont justes et si ce n’est pas le cas parfois, c’est bien dû à la maigreur de quelque textes. Mais ça oscille entre le très bon, le moyen et… Mais toutes et tous, belles, beaux, d’un charisme scénique qui n’a rien à envier.

Faire le bien parle de notre époque, des jeunes dans la vingtaine ou trentenaires. Les  milléniaux de ce nouveau siècle qui tarde vraiment à s’imposer un caractère, fort, valide, censé et prêt à se jeter dans les griffes d’un monde imparfait.

FICHE ARTISTIQUE
Texte
François Archambault

Gabrielle Chapdelaine

Mise en scène
Claude Poissant

Distribution
Ève Landry

Xavier Bergeron, Anaelle Boily-Talbot
Mehdi Boumalki, Simon Champagne
Christophe Levac, Elizabeth Mageren
Charlotte Richer, Léa Roy

Décors : Olivier Landreville
Costumes : Marc Sénécal
Éclairages : Letitia Hamaoui
Musique : Jérôme Minière

Coproduction 
Théâtre du Rideau Vert
Théâtre français du Centre national des Arts

Durée
1 h 50 min
[ Sans entracte ]

Public (suggéré)
Déconseillé jeunes enfants

Diffusion & Billets @
TRV
Jusqu’au 14 septembre 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]