Fantasia 2022
… I
ÉVÉNEMENT.
[ Festival ]
texte
Luc Chaput
Le
fantastique
et
l’horreur
au féminin
Le film d’ouverture de la 4? édition de Fantasia en cours présentement est un long métrage canadien, Polaris, de KC Carthew et prochainement aura lieu la présentation de Dark Nature de la réalisatrice métisse albertaine Berkley Brady. Deux propositions de mondes différentes par leur nature et leur qualité se trouvent ainsi confrontées.
Dark Nature, comme son titre l’indique, est un film sombre d’horreur sur un voyage de camping de cinq femmes dans les Rocheuses. Une psychologue a invité quatre de ses patientes dans ce périple dans une région où une tribu amérindienne célébrait naguère un esprit par des offrandes et des cérémonies. Ces quatre participantes souffrent toutes d’un syndrome post-traumatique et les retours en arrière s’insèrent naturellement, déclenchés par des bruits, des odeurs ou d’autres événements fortuits durant la marche ou les pauses.
Toutefois, après une première séquence assez anxiogène, le scénario de la réalisatrice alterne les discussions amicales ou non avec des vues sur la nature qui les entoure et qui devient de plus en plus oppressante pour certaines. Le récit prend une tournure plus meurtrière et la nature exacte de l’esprit malin ou de la créature reste pour finir plutôt floue. La mise en scène emploie sursauts, gros plans sanguinolents et autres manières du genre. Kyra Harper n’a que peu de blé à moudre dans le rôle d’un médecin qu’elle a tant défendu dans des téléséries. Hannah Emily Anderson et Madison Walsh en Joy et Carmen défendent beaucoup mieux leurs rôles de femmes qui trouvent résilience dans l’adversité crue.
Une ourse banche et une pré-adolescente s’ébrouent en conjugaison dans la neige immaculée. La scène est filmée en plongée et forme l’introduction magique de ce Polaris. L’amitié évidente entre l’ourse et l’enfant est une des trames de ce film tourné en partie au Yukon. Une vision d’un monde postapocalyptique dans lesquels les changements climatiques ont aussi apporté leur lot de froideur s’échafaude ici. Des communautés tentent de survivre par la rapine, la chasse et le meurtre et leurs membres sont surtout des stéréotypes masqués.
Seule Muriel Dutil, dans le rôle de Dee, une vieille dame solitaire, autonome et adepte de l’harmonica, remplit par son jeu, son énergie et sa gestuelle ce rôle de mentor amical pour Sumi, incarnée avec entrain par Viva Lee. Poursuites, combats, cascades, flammes et jets de sang composent une grande portion de ce long métrage inspiré bien entendu en partie par Mad Max mais animé d’un esprit de découverte soutenu par une photographie éclatante de David Schuurman. Le scénario de la réalisatrice lorgne même un instant du côté d’E.T. pour prendre une tangente mythique intersidérale étonnamment synchrone avec les images du télescope James-Webb.
Nous reviendrons par divers articles sur ce festival qui constitue encore plus maintenant un moment fort de l’été cinématographique montréalais.