Fantasia 2023
< VII >
| Festival |
Luc Chaput
Depuis l’ajout, il y a une quinzaine d’années, des ‘Fantastiques weekends du cinéma québécois’, la présentation de courts à ce festival est devenue pléthorique car en plus des programmes qui leurs sont dédiés, certains sont présentés avant les longs métrages. Voici un florilège de quelques vus cette année et dont plusieurs ont été reconnus dans les deux palmarès.
Florilège
Les cinq sens étaient convoqués par les réalisateurs dans une exploration sérieuse ou ludique. La peur sourdait dans White Noise de Tamara Scherbak, gagnant du Deuxième prix dans la compétition québécoise. Une jeune femme. douée d’une ouïe trop forte et souffrant peut-être d’acouphènes, réussit à obtenir un bref séjour dans une pièce dans laquelle les sons sont annihilés. La réalisatrice décrit avec précision les divers étapes de ce parcours aux conséquences plutôt inattendues.
L’Américain Jacob Chase nous amenait dans Mr Blur à pas comptés dans un appartement dans laquelle une femme, peu de temps après avoir enlevé ses lentilles cornéennes, soupçonne une présence inconnue dans ce lieu. La photographie épousant le changement d’acuité visuelle de la protagoniste distille un bel effroi.
À l’opposé, le ‘grand gagnant’ de la compétition internationale, Bold Eagle du réalisateur philippin Whammy Alcazaren nous en mettait plein la vue par ses images crues et ses citations échevelées des réseaux sociaux. Un complexe d’œdipe apparaissait en filigrane dans ce court tourné par un décorateur de cinéma reconnu.
Des Australiens Im Sejon et Will Suen, Sweet Juices qui a reçu une Mention spéciale, est une critique jouissive du milieu des foodies mue par un montage acéré et une interprétation gouleyante des principaux acteurs. Le Prix d’interprétation a été attribué à Silvana Mihai et donne donc une coup de chapeau à The Taster, film de fin d’études de l’Allemande Sophia Bierend. The Nolberlto Method de David Winstone s’est vu décerner le Prix du scénario pour cette séance de thérapie anti-suicide originale. La présence d’un mollusque gluant pourrait également être vue comme une critique de l’énorme éventail des pharmacopées contemporaines possibles.
La mort bien entendu rodait dans de nombreux films de genre et atteignait ainsi de des proches. Janice Nadeau, avec Harvey, continue de porter haut la qualité de l’animation de l’ONF par sa tendre approche du deuil chez l’enfant reliant celle-ci au cycle des saisons. Un bon vieux char d’Antoine Frenette retraçait en quelques plans sur les bords d’une rivière les suites inattendues d’un suicide.
Débutant par une vue d’une autoroute de banlieue et de ses commerces anonymes, Virga de Jean-François Leblanc se concentre ensuite dans des lieux plus restreints dans lesquels les protagonistes sont reliés aux autres par les réseaux sociaux. Le scénario de Charles Dionne, aussi très bien servi par l’interprétation de Justin Leyrolles-Bouchard et André Kasper, mène à une conclusion dérangeante qui a permis à ce court étoffé de remporter le Grand prix.
Encore une fois, Fantasia, par cette offre trop nombreuse, a constitué le point médian de l’année cinématographique québécoise. Une présentation en fin de parcours du festival de certains films des deux palmarès en serait un belle conclusion.