Fantasia 2024
« I »

 ÉVÈNEMENT
 [ Cinéma de genre ]

Pascal Grenier

 

En commençant par

un regard rétro

Évènement incontournable pour les amateurs de cinéma de genre, il est difficile à croire que Fantasia en est déjà à sa 28e édition ! Avec plus de 120 longs métrages et 25 programmes de courts, le festival offre du 18 juillet au 4 août l’occasion aux spectateurs et amateurs de cinéma divergents une programmation diversifiée et continue bon an mal an d’être un pilier du paysage cinématographique international. 

Pour ma part, je vais me concentrer sur le volet asiatique et voici quelques suggestions de films qui seront projetés au cours de cette nouvelle édition.

Dans la section ‘Fantasia Rétro’ où l’on offre l’opportunité de voir des oeuvres influentes, des classiques et aussi des films culte sur grand écran, je vous suggère fortement trois films du cinéma hongkongais de la belle époque.

Tout d’abord, The Avenging Eagle de Sun Chung est un film d’arts martiaux produit par la célèbre Shaw Brothers Studio. Cette histoire de rédemption met en vedette le duo formé de Ti Lung (A Better Tomorrow) et le jeune Alexander Fu Sheng. Cette rencontre fortuite entre un ancien membre du clan des 13 Eagles qui est sauvé d’une mort certaine et ce jeune et mystérieux étranger que va naître cette relation où la valeur de l’amitié et de la loyauté est au coeur de l’intrigue. Avec ces scènes de combats magnifiquement chorégraphiées qui mettent en valeur l’agilité et les compétences des deux principaux protagonistes. Le montage est à la hauteur, avec ces angles dynamiques et des mouvements de caméra fluides pour saisir l’intensité des combats et ajouter une profondeur visuelle au récit. L’ajout de flashbacks (ou si vous préférez, retours en arrière) pour développer les personnages et révéler des aspects clés de leurs passés enrichissant fait en sorte que l’intrigue devient un must dans le genre.

The Avenging Eagle

Également de la Shaw, le moins connu Killer Constable de Kuei Chih-Hung est un film à voir absolument. Réputé pour ses films d’horreur tournés en studio (The Killer Snakes et l’incroyable The Boxer’s Omen), Killer Constable mettant en vedette l’excellent Chen Kuan-Tai (Big Brother Cheng) et demeure la seule incursion dans le genre wu xia pian (film de sabre chinois) par le réalisateur hongkongais. C’est un film sans quartier qui explore les limites de la justice avec ce personnage principal dont les méthodes brutales et son absence de pitié envers les criminels soulèvent des questions morales. Avec son utilisation efficace des ombres et des lumières pour créer une atmosphère de tension et sa violence réaliste et graphique, ce film flirte avec le cinéma d’horreur et s’avère une expérience cinématographique aussi pessimiste que singulière.

Killer Constable

Tourné trois ans après A Chinese Ghost Story (présenté dans le volet rétro en 2023), A Chinese Ghost Story II du même Ching Siu Tung reprend son histoire après les événements du premier volet où le personnage principal (toujours campé par Leslie Cheung) est libéré de prison à la suite d’une erreur judiciaire et se retrouve malencontreusement dans un temple en ruines rempli de fantômes et de démons. Cette délicieuse suite met davantage l’accent sur l’aventure et l’action tout en conservant les éléments surnaturels et romantiques. L’intrigue est plus complexe et l’ajout du personnage de Chiu (le charismatique et cabotin Jacky Cheung) est une bouffée d’air frais comique à l’ensemble et contribue au succès de ce divertissement de haut niveau qu’on se doit de voir en salle.

A Chinese Ghost Story II

Également dans le volet Rétro mais du Japon cette fois-ci, Love & Pop de Hideaki Anno (Shin Godzilla) est l’adaptation d’un roman de l’écrivain Ryu Murakami (à ne pas confondre avec un autre écrivain plus célèbre Haruki Murakami). Le film se concentre sur le phénomène de l’enjo-kōsai (ou « compensation dating ») où des lycéennes sortent avec des hommes plus âgés en échange d’argent ou de cadeaux. Ce thème est exploré à travers les yeux des protagonistes, montrant les pressions sociales et économiques qui les poussent à cette pratique. Les personnages principaux sont souvent montrés comme perdus et désorientés, cherchant à se définir dans un monde qui semble indifférent, où l’on souligne l’aliénation des jeunes dans la société japonaise contemporaine, leur quête d’identité et leur lutte pour trouver un sens à leur vie. Outre ses thèmes abordés, d’un point de vue formel, Love & Pop est l’un des premiers films japonais (le film date de 1998) à utiliser le format vidéo numérique (DV) plutôt que le film traditionnel. Le réalisateur utilise des angles de caméra non conventionnels pour créer une expérience visuelle unique et ainsi créer une perspective originale et immersive des plus uniques. Voilà une belle occasion de (re)découvrir ce drame expérimental du passage à l’âge adulte et cette œuvre marquante du cinéma japonais en raison de son traitement audacieux à aborder des sujets sensibles et son style distinctif.

The Roundup: Punishment

Enfin, du côté des nouveautés de cette nouvelle édition, les amateurs de cinéma coréen et de Ma Dong-seok (Don Lee pour les intimes) en particulier seront heureux de le retrouver dans ce quatrième volet de la populaire franchise The Roundup intitulé The Roundup: Punishment. Il incarne à nouveau le rôle de l’inspecteur Ma Seok-do (au sobriquet de Monster Cop) qui, en compagnie de son équipe, enquête sur une organisation criminelle spécialisée dans le blanchiment d’argent et la fabrication illégale de cryptomonnaie. Bien que ce dernier volet est le plus faible à ce jour, il y a comme un malin plaisir et un sentiment de défoulement de voir Don Lee (toujours aussi charismatique) péter les plombs en cassant des gueules à des méchants pendants près de deux heures. 

Sur ce, on vous souhaite de bonnes découvertes cinéphiliques et que le festival…commence.

Fantasia
du 18 juillet au 4 août 2024