Fantasia 2024
« IV »

ÉVÈNEMENT
[ Cinéma de genre ]

texte : Pascal Grenier

 

Quelques

trouvailles

malgré tout

La 28e édition du festival Fantasia tire à sa fin avec la présentation des derniers films ce weekend. Force est d’avouer que ces coups de cœur sont très peu nombreux cette année. Est-ce le reflet du cinéma de genre actuellement ? De la pluralité des films choisis par les programmateurs ? D’autres facteurs atténuants dont on ne va pas s’attarder ici ? Toujours est-il que les festivaliers étaient au rendez-vous avec des salles en grande majorité toujours combles et un public, majoritairement, toujours aussi enthousiaste que très (parfois trop même) généreux, mais dont la générosité fait le plus grand bonheur des invités et artisans venus présentés leurs films. 

Parmi les belles trouvailles, notons d’emblée le magnifique Steppenwolf du Kazakh Adhilkan Yerzhanov – The Owners (Ukkili kamshat), La tendre indifférence du monde (Laskovoe bezrazliche mira). C’est tout une claque que ce drame mettant en vedette un policier justicier corrompu aux méthodes expéditives qui vient en aide à une femme démunie à la recherche de son fils disparu dans un monde anarchique dévasté par la guerre. En mélangeant le film d’art et essai à celui du film de vengeance et d’exploitation, le réalisateur de A Dark, Dark Man poursuit son exploration de l’animalité brutale et de la férocité humaine avec ce portrait sinistre de notre civilisation contemporaine. Un constat sombre d’une violence inouïe et d’un humour noir très prononcé qui vient ajouter une touche insolite à ce drame puissant et ce voyage inoubliable à travers un pays en proie à de nombreuses animosités.

Steppenwolf

De l’Inde, le film régional Hanu-Man (Hanuman) est une belle réussite dans un genre très populaire mondialement en ce moment. Cette adaptation très libre du héros du Ramayana, symbole d’un dieu très populaire dans les villages de l’hindouisme moderne parvient à revigorer le genre du film de superhéros. Malgré un budget somme toute modeste (l’équivalent de moins de 7 M$ canadien), le réalisateur Prasanth Varma (la sympathique comédie Zombie Reddy) joue avec les codes des films de superhéros à la vogue en ce moment qu’il marie adroitement avec ceux de la mythologie indienne. Avec sa réalisation inventive, son humour bon enfant et ses effets spéciaux plus que respectables, ce Bollywood dépasse largement les attentes et fait même pâlir en comparaison certaines productions plus luxueuses autant locales que d’envergures internationales.

Hanu-Man

De la Corée du Sud, 4PM (O-Hu Ne-Si) de Jay Song offre une version revue et corrigée du roman Les catilinaires (The Stranger Next Door) d’Amélie Nothomb paru en 1995. Une histoire sous forme de boucle de visites ennuyeuses et abrutissantes d’un voisin chez un couple nouvellement installé dans une maison idyllique au bord d’un lac dans une campagne reculée. Même si le film peine à garder son rythme et sa créativité, humour et suspense sont au rendez-vous où la notion de politesse a ses limites et où l’on bascule dans la folie.

Véritable coup de cœur du public, la comédie A Samurai in Time (Samurai taimusurippa) ne propose rien de particulièrement nouveau sur le thème du voyage dans le temps alors qu’un samouraï, lors d’un duel, est frappé par la foudre et se retrouve 150 ans plus tard où il est rapidement confondu avec un figurant sur le tournage d’une série de jidai-geki (drame d’époque se déroulant pendant l’époque féodale du Japon). Le film est certes drôle et parfois même émouvant, mais le style télévisuel plat et l’absence de cinéma tout comme la durée de plus de deux heures nuisent à l’ensemble.