Fantasia 2024
< V >

ÉVÈNEMENT
[ Cinéma de genre ]

texte : Luc Chaput

 

Ce qui

nous manque

Dans un petite ville de l’ouest de l’Illinois, une grande maison est devenue un endroit à visiter. Elle est l’œuvre d’un couple, Alan et Adrianne, et est devenue également un lieu mémoriel pour cette dame qui avait des allures de diva.

Adrianne & the Castle

Le scénario d’Adrianne & the Castle, de la réalisatrice Shannon Walsh et Laurel Sprengelmeyer qui vient de la région, mélange les diverses époques, employant des acteurs dans certaines recréations dans cet immeuble aux décors surchargés et kitsch. Alan est un artiste, fondateur et dirigeant de Facemakers, boîte spécialisée dans la fabrication de mascottes pour divers usages. La caméra louvoie à l’intérieur de la propriété exaltant le rôle de chevalier servant d’Alan face à sa reine maintenant morte. Peu d’informations sont distillées sur la dite Adrianne Blue Wakefield et son origine dans la Nouvelle-Angleterre. La réalisation dans sa facture conforte Alan dans la perpétuation de leur œuvre maîtresse qu’est devenue Havencrest. Par son côté étrange assumé, ce film aurait bien pu faire partie de la défunte section Documentaires de la marge.

Vovoïd. We Are Connected

À l’opposé comme sujet mais plus simple dans son traitement, Voïvod. We Are Connected du Canado-Colombien Felipe Belalcázar a été produit sur une longue période avec peu de moyens mais avec passion pour célébrer les 40 ans de ce groupe Heavy Metal venu de Jonquière. La présentation est chronologique, les extraits musicaux sont un peu courts et certaines entrevues sont hors foyer. Les identifications de certains intervenants, pourtant musiciens célèbres, sont aléatoires. La discographie est remise dans son contexte de production, de diffusion et de réception et les tenions dans un groupe sur une si longue période reçoivent leur juste part d’intérêt. Le décès de Denis « Piggy » D’Amour, guitariste hors pair, reste un point nodal de ce film sur une troupe d’amis qui prit fort longtemps avant de recevoir une reconnaissance officielle dans son pays en remportant finalement un Juno.

The Missing

Parmi les films d’animation, il est important de souligner la présence de The Missing (Iti Mapukpukaw), premier long de ce type à être choisi par les Philippines pour la course aux Oscars. Carl Joseph Papa emploie de manière pertinente la rotoscopie pour les scènes contemporaines dans un Manille tentaculaire dans lequel vit Eric. Celui-ci est muet et ce fait est directement visible à l’écran par une astuce. Une mort dans la famille fait ressurgir des souvenirs douloureux et l’animation se transforme alors en dessins d’enfant dans lesquels des petits personnages transformables sont manipulés. Le récit amène un certain lot de surprises porté par une interprétation de haute qualité dans laquelle Dolly de Leon, remarquée entre autres dans Triangle of Sadness, apporte sa forte contribution. The Missing méritait donc amplement la mention spéciale décernée par le jury pour sa catégorie dans ce festival qui a connu cette année bien des soubresauts.