Festival international du film sur l’art.
41e édition – 2023 [02]
ÉVÈNEMENT.
[ Festival ]
texte
Luc Chaput
Artisans
et
artistes
Un homme se promène avec sa conjointe et ses trois enfants le long d’une ancienne voie ferrée dans la région de Toronto. Son nom : Joshua Logan. Il est concepteur et fabricant d’encres.
L’ONF, ayant de la suite dans les idées, a produit en peu de temps un long métrage sur le papier et un autre sur l’encre. The Colour of Ink du chroniqueur culturel Brian D. Johnson, ayant comme protagoniste Logan amène le spectateur dans un riche environnement sonore à comprendre plusieurs des tenants et aboutissants de cet artisanat plus que millénaire. La photo de Nicholas de Pencier permet de suivre l’action de l’encre sur divers types de papier et les usages multiples que l’on en fait. Des artistes sont ébahis ou s’interrogent sur les possibilités de ces créations uniques ou rares. En filigrane, se pose aussi l’interrogation du long métrage d’Oana Suteu Khintirian Au-delà du papier sur la permanence des œuvres numériques en regard de celles produites par ces moyens physiques.
Le palmarès de la 41e édition du FIFA a consacré Inside My Heart comme Meilleur film. Cette œuvre de Saskia Boddeke dont nous avons précédemment loué les qualités succède ainsi à des œuvres semblables dans leur approche du théâtre et d’un pan de la société comme We Are Not Princesses de Bridgette Auger et Itab Azzam et Queen Lear (Kraliçe Lear) de Pelin Esmer qui ont remporté les grands honneurs dans les dernières années.
Malgré les qualités de The Faithful: The King, The Pope, The Princess d’ Annie Berman, sur la relation entre l’idolâtrie et la solitude dans le monde moderne, le prix du Meilleur essai aurait dû être remporté par Charlotte des sœurs Coulin pour sa tentative réussie de faire connaître par tous les moyens cinématographiques à un plus grand nombre ce roman graphique fondateur qu’est Leben? oder Theater?.
Un autre long métrage revenait de manière complexe sur la tragédie incommensurable de la Seconde Guerre mondiale. Music Under the Swastika – The Maestro and the Cellist of Auschwitz de Christian Berger met en parallèle la vie de l’immense chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler et celle de la jeune violoncelliste Anita Lasker qui survécut au camp d’extermination en y étant membre d’un orchestre de musique classique dirigée par Alma Rosé, la nièce de Gustav Mahler. L’étendue des plages musicales, la qualité des recherches archivistiques, les témoignages des chercheurs et des membres des familles de ces deux artistes apportent un éclairage plus précis sur la place de la musique comme fondement dévoyé du régime nazi et de sa résilience malgré tout. Voir la vivacité intellectuelle de cette Anita à plus de 90 ans rajoutait au plaisir de ce long métrage qui s’est mérité à juste titre le prix du Meilleur portrait.
D’autres œuvres dans des domaines artistiques innombrables sont également offertes jusqu’au 2 avril sur le site du festival. Certaines continueront d’être présentées ensuite sur Artfilms. Ainsi L’Ombre de Goya par Jean-Claude Carrière de José Luis López-Linares nous permet d’accompagner ce très grand scénariste et auteur dans son ultime voyage en Espagne sur les traces du peintre et de Buñuel, ses deux Aragonais essentiels. Woodwriter: The Wordless Art of George A. Walker de Jeff Winch est un portrait tout en nuances de ce graveur sur bois ontarien, auteur de livres illustrés originaux sur des icônes canadiennes. Les ressources de l’animation enrichissent certaines scènes de cette rencontre avec un artiste et éducateur original.
[ Première partie : ici. ]