Festival international du
film francophone de Namur
ÉVÉNEMENT.
[ En Présentiel ]
texte
Luc Chaput
Des biens acquis
et
du bien vivre
Ce festival a tenu sa 37e édition du 30 septembre
au 7 octobre. En plus de Namur, ville où siège le
Parlement wallon, des projections ont eu lieu dans
d’autres villes de Belgique. Comme l’an dernier,
une section gérée par Festivalscope donnait l’accès
aux journalistes pour certains films.
Nous avons déjà critiqué sur ce site les films québécois Arlette présenté hors concours, alors qu’Arsenault et fils et Viking présentés en compétition n’ont rien remporté. Parmi les longs métrages vus, Gens de bien (Oameni de treaba) du Roumain Paul Negoescu se détachait du lot et a d’ailleurs reçu une mention spéciale et le prix d’interprétation. Iulian Postelnicu, remarqué dans L’étage du dessous (Un etaj mai jos) de Radu Muntean, campe le rôle de Ilie, un chef de police dans une petite localité du nord de la Roumanie à la frontière de la Moldavie. L’arrivée de Vali, un assistant fraîchement diplômé de l’école de police, provoque certains remous dans le village et le scénario de Radu Romaniuc et Oana Tudor décline les accointances du chef avec le maire, le pope et les rivalités qui sourdent puis éclatent entre ces gens propriétaires ou non de biens. L’évolution très graduelle de ce policier à l’apparence bonasse est menée avec précision par le réalisateur et son acteur principal. Elle évoquera pour certains dans son déroulement Coup de Torchon de Bertrand Tavernier, brillante transposition d’un roman noir sudiste dans l’Afrique coloniale française. Pour ce mélange détonnant d’humour de plus en plus sombre et de critique sociale d’un milieu dans lequel l’efficacité prime sur le respect des lois, Gens de bien méritait au moins ces prix.
Un chanteur filme ses amis étudiants comme lui à l’université de Bangui. Les conditions de vie de jeunes hommes et femmes sont pour la plupart très faibles et l’organisation universitaire est très déficiente dans ce portrait de la République centrafricaine qui peine à donner à la prochaine génération les outils pour s’en sortir. Rafiki Fariala, né Fariala Alolea Albert, accompagne tout au long de l’année Aaron, Benjamin et plus particulièrement Nestor, obligé à des petits boulots pour survivre. Certaines scènes semblent avoir été recrées sur un mode plus fictionnel et elles rajoutent un supplément d’humanité à ce Nous étudiants! bientôt présenté à Cinemania.
Une jeune fille très maquillée se retrouve devant des officiels du service de protection de la jeunesse. Elle ne comprend pas pourquoi elle ne peut plus voir son père. Envoyée dans un foyer régional, elle est placée dans la chambre de Samia, une adolescente plus vieille, plus grande et au caractère bien assis. Commence alors au contact de ses consœurs et de certains éducateurs une rééducation pleine d’à-coups dans laquelle Dalva retrouvera sa part d’enfance que son père lui avait arrachée. Emmanuelle Nicot renouvelle dans ce Dalva quelque peu le long métrage sur ces centres spécialisés par un sens exact des dialogues et par des interprétations poignantes de Fanta Guirassy et de Zelda Samson dans le rôle-titre. La première a été primée dans la section Premières œuvres et Zelda a glané une mention spéciale ex- aequo dans le cadre de la compétition au FNC.
Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur d’autres films comme L’innocent de Louis Garrel lors de leurs sorties sur grand écran l’an prochain.