Haute Couture
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 février 2022
SUCCINCTEMENT.
Première d’atelier au sein de la Maison Dior, Esther participe à sa dernière collection de Haute Couture avant de prendre sa retraite. Un jour, la jeune Jade, 20 ans, bouleverse son existence après le vol de son sac.
CRITIQUE.
★★★
texte
Élie Castiel
Cousu
de fil blanc
Paris et la banlieue. Les Français et les autres, ceux pas si Français que ça. L’adéquation entre ces constats et le film de Sylvie Ohayon, qui date quand même de 2019, c’est sa problématique sociétale, les rapports entre les uns et les autres, qui non seulement n’ont pas changé, mais se détériorent sous d’autres formes, celles-ci plus vocables et insidieuses.
Et puis, un film, Haute Couture, titre ambitieux, mais Dior n’est pas n’importe qui dans l’échiquier culturel. Cet atelier où l’on prépare les robes pour le défilé de la prochaine collection, ultime pour Esther, que l’on recommande de prendre sa retraite. Une proposition innocente et dans le même temps, savoureuse.
À la venue de Jade (jeu très versatile et senti de la jeune franco-algérienne Lyna Khoudri), Esther (impeccable, comme toujours, Nathalie Baye) assume avec plus d’assurance son prochain départ vers l’inconnu, cette retraite que tout le monde craint lorsque faite d’inactivités et d’inertie.
Jade, de père Musulman qui ne semble plus très présent; Esther, juive. Chez Sylvie Ohayon, que l’on soupçonne issue de racines nord-africaines, cette volonté d’unir ces deux confessions par le biais du dialogue. Bien présent, dans le film, mais sans agenda politique. Par la pédagogie (Esther enseigne à Jade les rudiments de la couture), la connaissance de l’autre, les liens qu’on tissent plutôt qu’on découd. Comme dans la couture où les erreurs peuvent coûter cher.
Elle, l’aînée, habite aussi en banlieue, comme c’est le cas de Jade, issue de l’immigration (du moins, en partie) dont on ne cesse de parler ces derniers temps. Deux mondes qui s’affrontent puisque chacun dans son coin. Un parti pris que le film, fait de subtilités, laisse entendre en filigrane. Ohayon ose « faire dans la dentelle » en s’appuyant sur une idée des relations humaines qui évitent les malentendus, justement trop tendus, préférant les nuances, les zones grises qui séparent ou au contraire unissent les protagonistes.
Cet autre, Ohayon le présente comme quelqu’un (Abel, de son vrai prénom Abdel) ou quelqu’une (Jade) qui, si on leur donne les possibilités, serait prêt à joindre les rangs de cette soi-disant République. Des territoires (re)conquis par la voie du dialogue et surtout celui de se prendre en main en profitant de toutes les chances qui nous sont données. Mince, mais pas impossible.
Mais la probable réussite de la mise en scène réside sans contredit dans ce refus d’exprimer le politique directement; les intérieurs privés et l’atelier demeurent les principaux lieux investis pour le bon fonctionnement de la fiction, un récit sur l’ouverture à l’autre pas toujours développé, à la surface, mains maintenant une certaine rigueur, certes sourde.
Cet autre, Ohayon le présente comme quelqu’un (Abel, de son vrai prénom Abdel) ou quelqu’une (Jade) qui, si on leur donne les possibilités, serait prêts à joindre les rangs de cette soi-disant République. Des territoires (re)conquis par la voie du dialogue et surtout celui de se prendre en main en profitant de toutes les chances qui leur sont données. Mince, mais pas impossible. Peut-être bien que tout cela est bien trop pour un film qui se veut plus simple, mais les idées sont là, du moins on l’appréhende, entre les lignes.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sylvie Ohayon
Scénario
Sylvie Ohayon
Sylvie Verheyde
Direction photo
Georges Lechaptois
Montage
Mike Fromentin
Musique
Pascal Lengagne
Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Année : 2019 – Durée : 1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Haute Couture
Dist. [ Contact ] @
TVA Films
Classement
Visa GÉNÉRAL
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]