Incendies
@ Duceppe
CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel
★★★ ½
Remettre les pendules à l’heure en
dénonçant la confrontation réciproque
Le film de Denis Villeneuve, sorti il y a presque 15 ans situait le cinéma québécois dans une perspective universaliste, non seulement grâce à la rigueur de la réalisation soutenue et intègre de Denis Villeneuve (présent à la Première médiatique théâtrale au Duceppe), mais dans le même temps, arborant avec fierté un casting issu de la diversité, promesse tenue à tâtons au cours des prochaines années.
En ce qui a trait à la pièce, première fois montée, on peut se réjouir d’avoir donné l’opportunité à des artistes québécois, d’origine d’ailleurs, de répondre à l’appel. Le résultat : autant Incendies fascine, autant ça nous laisse dans notre faim. Inévitable de ne pas songer au Villeneuve, un film important, voir même essentiel dans la filmographie du cinéma québécois.
Qu’en est-il ? Là où l’émotion tenait d’un plan, d’une partie du dialogue, de certaines images clé dans le film, ici, par contre, une froideur d’ensemble règne sur l’espace dramatique occupant toute la scène.
Le décor d’Annick La Bissonnière surprend, certes, invoquant adroitement ceux de la tragédie grecque qui se surpasse par sa simplicité, de morceaux de formes géométriques différentes joints l’un à l’autre ou séparés, par les comédiens eux-mêmes, selon les circonstances. Jusqu’ici, tout va bien.
Mais qu’est-il arrivé à la plupart des comédiens ? Les dialogues sont plus récitatifs que « joués », c’est-à-dire sentis. Idem pour les mouvements, les gestes, les expressions faciales ; bref, un ensemble de jeu dramatique qui ne convainc pas totalement. Des exceptions : Dominique Pétin, dont seule la présence contrôle la scène, et Denis Bernard, toujours aussi puissant.
Quoi qu’il en soit, Incendies, l’adaptation scénique, par l’importance capitale qu’elle soumet aux spectateurs d’aujourd’hui, compte tenu des évènements dans la partie du monde la plus suivie par les médias en ce moment, et en quelque sorte, ce qui pourrait changer l’échiquier politique mondial de façon drastique, se doit d’être vue.
Mais Incendies, c’est d’abord l’histoire d’un testament, d’amour filial, de renoncement, de trahison même. Et du conflit au Moyen-Orient, même s’il n’est qu’indirectement évoqué, notamment lors d’une courte tirade où les deux parties impliquées sont sujettes à réprobation.
Quoi qu’il en soit, Incendies, l’adaptation scénique, par l’importance capitale qu’elle soumet aux spectateurs d’aujourd’hui, compte tenu des évènements dans la partie du monde la plus suivie par les médias en ce moment, et en quelque sorte, ce qui pourrait changer l’échiquier politique mondial de façon drastique, se doit d’être vue.
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Texte
Wajdi Mouawad
Mise en scène
Elkahna Talbi, Ines Talbi
Assistance à la mise en scène
Bethzaïda Thomas
Distribution
Sabrina Bégin Tejeda, Denis Bernard
Ariane Castellanos, Neil Elias
Reda Guerinik, Dominique Pétin
Antoine Yared, Ines Talbi
(en remplacement d’Ariane Castellanos
dans certaines représentations)
Décors : Annick La Bissonnière
Éclairages : Letitia Hamaoui
Costumes : Sophie El-Assaad,
assistée de Marika Porlier
Musique : Ilyaa Ghafouri, Radwan Ghazi Moummeh
Durée
2 h 20 min
[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux jeunes enfants
Diffusion & Billets @
Duceppe
Jusqu’au 30 novembre 2024
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]