Janette
@ Duceppe

 

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★ ½

En toute

intimité

Avant tout, Guylaine Tremblay se donne entièrement à son personnage, comme conquise par une proposition hors du commun, d’autant plus authentique que la personnalité concernée est encore jeune de ses 100 ans de service à la société, culturellement et socialement ; Tremblay devient presque littéralement, comme par enchantement, le symbole qu’elle incarne – voix, gestes, mouvements, carrure, persuasion, relation intime avec tout ce qui l’entoure. Une force de la nature qui émeut encore.

Et pour Tremblay, rien de nouveau, elle a été toujours formidable. Et le sera pendant longtemps. Que faut-il ajouter d’autre ?

Pour les besoins du spectacle, un décor entre le kitsch savoureux, le mouvement artistique d’une autre période québécoise. La mise en scène de Jean-Simon Traversy, comme d’ailleurs les autres concernés dans le travail de production, procèdent d’un tour de magie qui consiste à créer des univers particuliers, le tout propice au texte magnifique de Rébecca Déraspe (que dire de plus sur cette immense autrice ?

Une symbiose nécessaire qui occupe la scène.
Crédit : Danny Taillon

Force est de souligner que la critique de Janette, titre plus qu’évocateur, ne peut être que dithyrambique car tous les ingrédients sont là pour nous épater, nous convaincre du bien-fondé d’une entreprise issue d’un amour profond et inconditionnelle envers une jeune fille issue du « Carrefour à m’lasse » qui raconte son parcours vers la réussite, mais plus que tout de son amour pour la différence, l’ouverture d’esprit, le droit des femmes, la lutte contre l’homophobie et le racisme.

La mise en scène de Jean-Simon Traversy, comme d’ailleurs les autres concernés dans le travail de production, procèdent d’un tour de magie qui consiste à créer des univers particuliers, le tout propice au texte magnifique de Rébecca Déraspe (que dire de plus sur cette immense autrice ?

Ici, les idéologies s’estompent pour laisser la place à une ouverture d’esprit totale. Et Dieu sait si on en a besoin en ce moment ! Sur scène, Tremblay, devenue Janette, reconnaît ses quelques faux pas, les oublie, les rejette puisque nous faisons tous et toutes de faux pas, conserve les aveux les plus doux de son existence, en profite pour s’affranchir d’une notoriété essentielle au fondement de son discours social (et pourquoi pas, par intermittences, politique).

Janette, importante pièce de la saison chez Duceppe, socialise l’intime, le rend palpable, comme si chacun des spectateurs dans la salle faisait partie d’un monde, ou plutôt de ces mondes créés de toute pièces qui, au fond, ne constituent que l’ADN d’un peuple qui cherche encore sa voie et la trouve à petits pas, doucement, pas vite.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Texte
Rébecca Déraspe

Mise en scène
Jean-Simon Traversy

Assistance
Marie-Hélène Dufort

Interprètes
Normand Chouinard, Zoé Lajeunesse-Guy
François-Simon Poirier, Sébastien Rajotte
Lorenzo Somma, Phara Thibault, Guylaine Tremblay
Cynthia Wu-Maheux

Scénographie : Odile Gamache
Éclairages : Julie Basse
Concept sonore : Andréa Marsolais-Roy
Costumes : Cynthia St-Gelais
Musique
Diverses pièces pop d’époque et répertoire classique

Durée approx.
1 h 55 min
[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Déconseillé aux moins de 13 ans
Diffusion & Billets @
Duceppe
Jusqu’au 17 mai 2025

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]