Jouer avec le feu
P R I M E U R
Vendredi 21 mars 2025
Pierre élève seul ses deux fils. Louis, le cadet, réussit ses études et avance facilement dans la vie. Fus, l’aîné, part à la dérive.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
L’équilibre
perturbé
Les sœurs Coulin, Delphine et Muriel, travaillent toujours ensemble, ce qui, à l’instar des frères Taviani ou autres cinéastes dans la même situation, ont ceci de particulier qu’elles adhèrent à une certaine harmonie dans la mise en scène.
En adaptant pour le grand écran le roman Ce qu’il faut de nuit, de Laurent Petitmangin, la proposition devient politique, quelque chose de vertigineux et d’inusité dans le drame de fiction du cinéma hexagonal.
Vincent Lindon (comme toujours remarquable) est Pierre, veuf, élevant tout seul ses deux garçons, Louis (efficace Stefan Crepon), élève consciencieux, et Félix, dit ‘Fus’ (Benjamin Voisin, charismatique dans son cynisme aussi pervers que séduisant) qui sèche souvent ses cours, préférant fréquenter un groupe de jeunes d’extrême droite qui s’adonne souvent à des violences.
D’une part, le film est le résultat de la part des Coulin de nombreuses heures d’observation de la portée politique de leur pays, une France de plus en plus polarisée (comme d’ailleurs une bonne partie de l’Occident), là où les nuances, les débats judicieux, les ententes sont des idéaux venus d’un autre temps et qui n’existent pratiquement plus.
Et si ça ne prenait qu’une simple étreinte.
C’est dans cet état d’esprit que se solidifie la mise en scène. Cette disposition qui consiste à filmer les extérieurs comme s’il s’agissait d’une zone de combat (violences perpétrées par le groupe de jeunes) et les intérieurs, notamment lors de la découverte par le père des agissements de Fus, transformant la quiétude du foyer en un espace de mésentente. Pierre est trop proche de ses enfants, essayant de combattre son impuissance à changer la situation dans laquelle se trouve son aîné.
[ … ] le film est le résultat de la part des Coulin de nombreuses heures d’observation de la portée politique de leur pays, une France de plus en plus polarisée (comme d’ailleurs une bonne partie de l’Occident), là où les nuances, les débats judicieux, les ententes sont des idéaux venus d’un autre temps et qui n’existent pratiquement plus.
Drame psychologique, Jouer avec le feu, c’est justement s’exposer à des dangers que telle ou telle situation peut mener. La conclusion, faite de zones grises, reflète justement un état des choses en permanentes perturbations, une façon comme une autre de signifier que ces changements sociaux néfastes sont des problématiques qui nous concernent tous.
Le politique a rarement atteint les foyers de si près. Les Coulin, dans ce sens, ont gagné leur pari. La suite reste à faire.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Delphine Coulin
Muriel Coulin
Scénario : Delphine Coulin, Muriel Coulin; d’après le roman de Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit. Direction photo : Frédéric Noirhomme. Montage : Béatrice Herminie, Pierre Deschamps. Musique : Pawel Mykietyn.
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
France / Belgique
Année : 2024 – Durée : 1 h 58 min
Langue(s)
V.o. : français
Jouer avec le feu
Delphine (gauche) & Muriel Coulin
Dist. [ Contact ] @
Axia Films
[ Curiosa ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]