Killers of the Flower Moon
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 20 octobre 2023
Au début du 20e siècle, le pétrole apporte la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, devient l’un des plus riches du monde. Cette situation attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Luc Chaput
★★★★
Une
partie
d’échecs
Une dame âgée, alitée dans une belle maison, voit, en plein jour sur le rebord de la fenêtre, une chouette qui la regarde attentivement. Elle demande à sa fille si celle-ci la voit et lui signale que c’est un signe de mort.
Obligés de quitter plusieurs fois leurs terres ancestrales, les Osages se retrouvent dans la deuxième moitié du 19e siècle dans le nord de l’Oklahoma dans un environnement aride où se produit quelques années plus tard une rapide exploration pétrolière qui leur fournit des moyens de subsistance inespérés. Une tutelle financière, mise en place par les autorités de l’état et fédérales, restreint leurs pouvoirs de décisions personnels tout en leur distribuant une manne continuelle.
C’est dans ce contexte que ce long métrage résume en quelques séquences qu’arrive Ernest Burkhart chez son oncle William Hale. Ce rancher en mène large dans la région et entretient des relations de bon voisinage avec la communauté amérindienne et ses dirigeants. La mise en images de Scorsese oppose alors les étendues des grandes plaines et collines à l’effervescence de la ville de Fairfax dans laquelle la loi et l’ordre sont des valeurs fluctuantes. Ernest courtise Mollie, la plus éduquée d’une famille du coin et la cérémonie de mariage qui s’en suit donne lieu à des célébrations dans lesquelles les costumes et coutumes de ce peuple amérindien sont présentées avec éclat.
Le cinéaste et le scénariste Eric Roth adaptent ainsi l’essai historique Killers of the Flower Moon: The Osage Murders and the Birth of the FBI de David Grann, se concentrant dans la première partie sur la manière dont William Hale, interprété avec une sournoise maestria par Robert de Niro, avance ses pions et élimine des cavaliers pour faire en sorte que des hommes ou des femmes blanches deviennent les héritiers de leurs conjoints. De nombreuses morts violentes de tous types parsèment ce récit mais elles sont habituellement présentées de façon laconique. Les étapes de deuil et les cérémonies religieuses de ces communautés frappées insidieusement et à répétition connaissent alors un retentissement plus grand.
Après Gangs of New York (Les gangs de New York), ce cinéaste chevronné a réussi encore une fois à remettre au-devant de la scène d’autres fondements peu reluisants de nos sociétés modernes.
La partie menée par Hale et ses acolytes peut se jouer sur une longue période alors que deux journées d’émeute, à cent kilomètres de là à Tulsa, ont détruit en 1921 un riche quartier noir et causé au moins une centaine de morts. C’est par le moyen d’extraits de films muets, d’actualités que le cinéphile émérite qu’est Scorsese parsème ainsi son exposé lui ouvrant des perspectives plus larges soutenues aussi par la limpide cinématographie de Rodrigo Prieto.
Une maison soufflée par une explosion lance l’enquête sur une nouvelle base et Jesse Plemons arrime avec aisance son Tom White, policier du FBI et agent de changement dans la seconde partie de cette saga. La relation entre Ernest et Mollie qui s’est transformée au cours des ans prend alors une allure plus délétère et Lily Gladstone, d’une prestance royale au départ puis passant sotto-voce par une grande gamme d’émotions, fait jeu égal avec Leonardo DiCaprio. Celui-ci emploie une palette plus large remplie de sautes d’humeur. Des choix déchirants se présentent à Ernest, comme souvent chez ce réalisateur, entre la famille que l’on avait et celle que l’on a forgée. Après Gangs of New York (Les gangs de New York), ce cinéaste chevronné a réussi encore une fois à remettre au-devant de la scène d’autres fondements peu reluisants de nos sociétés modernes.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Martin Scorsese
Scénario
Eric Roth, Martin Scorsese
D’après le livre de David Grann
Killers of the Flower Moon:
The Osage Murders and the Birth of the FBI
Direction photo
Rodrigo Prieto
Montage
Thelma Schoonmaker
Musique
Robbie Robertson
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 3 h 26 min
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française
La note américaine
Dist. [ Contact ] @
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[ Paramount Pictures]
Diffusion @
Cineplex
Visa de classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]