Koli Taal
[ Avis : La bande-annonce est parsemée de musique. Le film n’en contient pas.]
SUCCINCTEMENT.
Enthousiasmé par la visite du petit-fils, un couple de personnes âgées prévoit de cuisiner un coq au curry pour le dîner. Mais, les choses tournent mal quand le poulet disparaît.
CRITIQUE.
[ Découverte ]
★★★★
texte
Élie Castiel
Le
visiteur
de
Delhi
Premiers signes d’encouragement pour ce premier essai original : aucune musique, une courte durée, à peine 84 minutes; pour un film en provenance de l’Inde, un véritable exploit. À partir de ce choix formel, Abhilash Shetty, proche de la trentaine, signe un premier long métrage, suite à quelques courts sujets, d’une originalité qui réclame haut et fort que l’Inde ne se limite pas à Bollywood, bien que cette industrie affiche depuis quelque temps des changements notables et bienvenus.
Une écriture simple, limpide, tenant même de l’approche documentaire. Est-ce un hasard si les grands-parents de Sumanth, rôle tenu par le réalisateur lui-même, portent comme nom de famille « Shetty ». Comme s’il était question d’une mise en abyme familiale bien que le film soit une fiction et ne semble pas s’apparenter au vécu du cinéaste.
Une mise en scène où le travail du son, du montage et de la caméra servent de témoins privilégiés aux agissements de ces quelques personnages dans un village du Karnataka, dans le sud de l’Inde. Hasard ou coïncidence? Abhilash Shetty est né dans cet état du sud du pays.
Pour marquer la venue de Sumanth, étudiant à Delhi, Mahabala (excellent Prabhakar Kunder, atteignant des degrés insoupçonnés de réalisme) et sa femme Vanaja (émouvante Radha Ramachandra, au sourire conciliateur) tiennent à cuisiner un coq au curry. Tradition? Respect? Coutume? Tant et si bien que l’oiseau domestiqué est volé au cours de la nuit.
Première intrigue : trouver le coupable. Lequel parmi les trois travailleurs saisonniers – très efficaces Ganesh Magaveera (Manja), Guruprasad (Haala) et Sharath Devdiga (Satisha) est-il coupable? Peu importe puisque Koli Taal est aussi le tableau d’un mode de vie. Le contraste entre le courant de vie ancestral et la modernité (présence d’une télévision, mais surtout d’un cellulaire) marque ces paradoxes entre l’ancien et le nouveau, entre le domestiqué et l’individualiste. Non seulement paradoxes, mais moyens de survie que le jeune cinéaste montre sans équivoque – bien que dans une scène d’anthologie, la grand-mère dit préférer battre le curry selon les vieilles méthodes. Et elle a parfaitement raison. Comment concilier deux styles de vie?
Le nouveau cinéma indien s’assume dignement, correspond à une idée du monde tout en s’assurant que le pays en question est représenté dans toutes ses possibles variations.
Sans ambages, avec un immense respect pour le filmé, Abhilash Shetty se tient à l’essentiel, comme avancer dans le temps au moyen d’une caméra complice, pas à pas, étape par étape, sans précipitation, au rythme du temps.
Sa présence dans le film, même si ponctuée dans plusieurs scènes, sont de l’ordre de la discrétion. Il n’est donc pas surprenant qu’il assure le montage du film, s’assurant que la continuité du récit suit les codes de la narration et que les comédiens sont les seuls privilégiés du peu de durée du film.
Le nouveau cinéma indien s’assume dignement, correspond à une idée du monde tout en s’assurant que le pays en question est représenté dans toutes ses possibles variations.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Abhilash Shetty
Scénario
Abhilash Shetty
Direction photo
Swarop Yashwanth
Montage
Abilash Shetty
Son
Akash Hebbar
Vithor Moraes
Dhanush Shetty
Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
Inde
Année : 2021 – Durée : 1 h 24 min
Langue(s)
V.o. : kannada; s.-t.a.
The Chicken Curry
Le coq au curry
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Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]