La bohème
@ Place des Arts
CRITIQUE
[ Art lyrique ]
Élie Castiel
★★★ ½
Fidèle
à la
tradition

La joie de vivre de la vie de bohème.
Crédit : Vivien Gaumand
Si l’on se souvient de La bohème, version OdM, c’est celle de 2017, définitivement de très bon aloi. La version 2025 ressemble aux autres, suivant un legs du passé pour ce genre d’œuvre lyrique. Rien de nouveau, particulièrement dans ces différents décors qui embrassent bien le monde créé par les différents scénographes à travers le temps, selon le livret de Illica et Giacosa, et bien entendu, que la musique de Puccini rend si dramatiquement puissante. Car une transposition au grand écran ferait l’affaire à un genre prisé du grand public, le mélodrame classique.
Airs connus, quoique pas autant que ceux d’un Don Giovanni, d’une Traviata ou encore de l’unanime Carmen. Sur ce point, au dernier acte, celui de l’adieu de Mimi, on assiste comme à une certaine lenteur comparé aux versions vues, tous formats confondus, les airs sont bien articulés néanmoins, les voix prenantes, mais une sorte de rupture dans le temps et le ton que, par exemple, La traviata de Verdi parvient à éluder.
Dépendamment des parties de cet opéra, celle du milieu, dans le Café parisien est la plus gaie (bien entendu, dans le vrai sens du terme), les voix se déchaînent selon le calibre dont il est question, les chanteurs/chanteuses s’avèrent de grands interprètes, la mise en scène brille par son attachement aux personnages et aux situations.

Une finale comme dans La traviata,
magnifiquement efficace et dignement humble.
Crédit : Vivien Gaumand
On souligne quand même la première partie, prenante, alors qu’il s’agit de la rencontre entre Rodolfo et Mimi, plan-séquence théâtral fondamental pour le déroulement de ce qui suivra. Mais les voix devraient augmenter leur débit. De loin, on ne saisissait pas toujours les paroles, surtout lorsqu’on comprend l’italien. Admettons que les surtitres (dans les deux langues locales) aident.
De Puccini, malgré les apparences et les sous-entendus mélodramatiques de l’œuvre, il faut retenir qu’il s’agit d’un travail méticuleux autant dans les notes que dans la narration du duo Illica/Giacosa. Derrière ce qui nous paraît comme des facilités dans le style narratif, se cache un travail d’écriture et de mise en musique qui transmettent les enjeux liés à la foi en l’autre, aux amours déçues, la solitude, le désœuvrement et la vie qui passe.
L’heure est sans doute aux œuvres lyriques touchant le cœur. Effectivement presque une proposition pieuse qui, à défaut d’éviter tout attouchement d’ordre politique, n’en demeure pas moins le portrait social d’une époque et dont les librettistes et le compositeur s’en font les témoins privilégiés, même si le récit se passe à Paris.
La première eut lieu à Turin, en 1896; un Puccini en pleine forme, un chef d’orchestre jeune et prometteur (Toscanini). L’Italie, cette année, termine la première guerre italo-éthiopienne, et le pays reconnaît l’annulation du traité de Wouchalé.
L’heure est sans doute aux œuvres lyriques touchant le cœur. Effectivement presque une proposition pieuse qui, à défaut d’éviter tout attouchement d’ordre politique, n’en demeure pas moins le portrait social d’une époque et dont les librettistes et le compositeur s’en font les témoins privilégiés, même si le récit se passe à Paris.

Crédit : Opéra de Montréal
FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
La bohème
Opéra en 4 actes
Compositeur
Puccini
Livret
Luigi Illica, Giuseppe Giacosa
D’après Scènes de la vie de bohème
de Henri Murger
Pupitre
Simon Rivard
[ Orchestre Métropolitain
Chœur de l’OdM ]
Mise en scène
François Racine
Distribution
Lauren Margison (Mimi)
Frédéric Antoun (Rodolfo)
John Brancy (Marcello), Andrea Nuñez (Musetta)
Mikelis Rogers (Shaunard), Jean-Philippe MC Clish (Colline)
Scénographie Peter Dean Beck
Costumes Opéra de Montréal
Éclairages Nicolas Descoteaux
Production
Scenery and Properties @ Arizona Opera
Durée
2 h 30 min
[ Incluant entracte ]
Diffusion @
Place des Arts
[ Salle Wilfrid-Pelletier ]
Représentations
Jusqu’au 20 mai 2025
[ Incluant supplémentaire ]
19 h 30
Dimanche 18 mai : 14 h
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]