Là d’où l’on vient
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 1er novembre 2024
Aïcha, une mère tunisienne douée de rêves prophétiques, vit dans une ferme rurale avec son mari Brahim et ses trois fils. La vie d’Aïcha et Brahim est complètement bouleversée après le départ de leurs fils aînés, Mehdi et Amine, à l’étreinte violente de la guerre.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Le retour
du fils
prodigue
Il s’agit d’un film pur, lumineux, sans aspérités, bien au contraire, atteint d’une grâce quasi biblique issue de l’âme. Et pour cadre, une famille du nord de la Tunisie dont la matriarche est déchirée par le départ de deux de ses trois fils pour rejoindre l’État Islamique.
Rien de nouveau à l’horizon, mais magnifique proposition pour illustrer la douleur, la peine, le tourment, le déchirement de ceux qui sont restés, l’espoir au cœur de les voir revenir.
Et c’est une femme qui filme cette histoire familiale. C’est très bien ainsi, puisque son statut génétique lui assure une plus grande ouverture d’esprit, un rapport à l’autre hormis de tout préjugés. Telle une mère montrant son amour inconditionnel. D’où les plans magnifiquement peints de Vincent Gonneville, totalement atteint par les lieux et les personnages, un village montagneux où le soleil semble avoir disparu ou, s’il laisse apparaître une quelconque luminosité, ce n’est que temporaire. Et les humains qui s’y attachent sans condition.
Cet état d’esprit entre le narratif et le formel s’inscrit, pour la canado-tunisienne Meryam Joobeur, à qui l’on doit quelques courts métrages, dans une perspective qui lui donne la possibilité d’entamer la fiction pour la première fois en se ressourçant aux codes d’un cinéma du récit.
La mise en scène, parallèles entre retours en arrière (flashbacks) et prises sur le vif, regorge de possibilités, chaque partie développant sa propre langue esthétique. Nul doute que Joobeur est une « femme de cinéma » et cette caractéristique se voit dans chaque plan, cette unité filmique d’une importance capitale pour chaque film qui se respecte.
La poésie atteint parfois des limites insoupçonnées, jusqu’au retour de cet « enfant prodigue », qui voudrait peut-être retourner dans le droit chemin. Qu’est-il arrivé à l’autre ? Aucun discours moral, mais une tentative miraculeuse d’entrer directement dans l’âme et le for intérieur des personnages, sans l’intervention de déclarations sociales mal exprimées, souvent sans fondement et venant directement de l’émotion instantanée.
Parler d’interprétation serait posé un faux jugement, c’est plutôt d’insertion affective, d’état intérieur qu’il s’agit. Cela donne à Là d’où l’on vient, titre on ne peut plus évocateur, son droit légitime d’exister. La fiction n’est pas seulement dans le socle du genre, mais s’inscrit dans une nouvelle aventure filmique, difficile encore à définir, mais en tout cas, fascinante.
Joobeur est également, métaphoriquement parlant, une femme-peintre dont les images en mouvement illustrent ce rapport entre le cinéma et la vie, entre l’énergie inépuisable de l’imagination et ce qu’on peut, en fin de compte, en faire ressortir.
Apparemment, la cinéaste aurait choisi trois vrais frères pour incarner les deux exilés et celui resté derrière. Extraordinaire choix qui donne cette énergie à l’évocation du drame, peut-être même tragédie.
Parler d’interprétation serait posé un faux jugement, c’est plutôt d’insertion affective, d’état intérieur qu’il s’agit. Cela donne à Là d’où l’on vient, titre on ne peut plus évocateur, son droit légitime d’exister. La fiction n’est pas seulement dans le socle du genre, mais s’inscrit dans une nouvelle aventure filmique, difficile encore à définir, mais en tout cas, fascinante.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Meryam Joobeur
Scénario : Meryam Joobeur
Direction photo : Vincent Gonneville
Montage : Meryam Joobeur, Maxime Mathis
Musique : Peter Venne
Genre(s)
Drame
Origine(s)
Tunisie / France
Canada / Norvège
Qatar / Arabie saoudite
Année : 2024 – Durée : 1 h 58 min
Langue(s)
V.o. : arabe; s.-t.f. / s-t.a.
Who Do I Belong To
Mé el aïn
Dist. [ Contact ] @
Maison 4 :3
[ Instinct Bleu ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma Beaubien
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]