La Géante
@ PdA & En tournée
CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel
★★★
La
« petite tannante »
du
Faubourg
Il arrive que dans le domaine de la scène, les créateurs québécois sentent un besoin viscéral de se rapporter à des icônes qui ont influencé, d’une façon ou d’une autre, l’Histoire culturelle d’ici. Dans un sens, un parti pris politique (peut-être inconscient, mais ça m’étonnerait) visant à rendre fier du patrimoine culturel, sans tambour ni trompette, mais en créant des espaces de divertissement, et plus que tout, guidé par une connaissance extraordinaire de la spectature : autrement dit, que veulent voir les spectateurs, ceux et celles qui ne cherchent pas les complications, mais qui voient et sentent avec leurs « émotions » et surtout, qui parlent d’eux ?
C’est ce qui explique que si les voix en chants ne sont pas totalement à la hauteur dans La Géante, pièce musicale dédiée à Rose Ouellette, une certaine « La Poune » l’immense sincérité, le dévouement, la symbiose entre comédiens, l’amour de la langue populaire, tous ces éléments se distinguent dès le départ.
Un décor qui vise ce côté divisant les bourgeois de l’époque (ça commence au début du siècle dernier) et la masse populaire, également les anglophones (qu’on ne verra pas dans la pièce, simplement évoqués) des francophones. On raconte en paroles et en chansons la saga enjouée de cette « petite tannante » issue du Faubourg à m’lasse devenue à force de détermination la force qu’elle est devenue dans le conscient collectif populaire.

L’un des moments les plus intenses du spectacle.
Crédit : Annie Diotte
La fille de la « grande noirceur » puisqu’elle a vécu cette époque, transcende les problèmes, déjoue astucieusement la politique, se fiche complètement, lorsque plus âgée, du qu’en-dira-t-on face à sa relation avec son amoureuse. Dans un sens, sans vraiment s’en rendre compte, une sorte de féministe (à sa façon) avant l’heure.
Les diverses étapes de sa carrière sont racontées selon une approche de la confession intime, mais jouée de façon décontractée, comme s’il s’agissait d’une rencontre entre membres d’une même famille voulant tout savoir sur elle.
La fille de la « grande noirceur » puisqu’elle a vécu cette époque, transcende les problèmes, déjoue astucieusement la politique, se fiche complètement, lorsque plus âgée, du qu’en-dira-t-on face à sa relation avec son amoureuse. Dans un sens, sans vraiment s’en rendre compte, une sorte de féministe (à sa façon) avant l’heure.
Le texte de Geneviève Beaudet s’illustre de par ses railleries, moments d’émotion, son humour particulier, tout un arsenal que la mise en scène de Jade Bruneau rend, malgré quelques longueurs, assez attrayantes, notamment dans la deuxième partie. Les moments les plus réussis émergent de cette intimité entre Rose et Gigi, l’amour de sa vie.
Belle complicité entre l’apport musical d’Audrey Thériault, Gabrielle Fontaine et l’ensemble des musiciens. Entre le Burlesque, le Vaudeville et les Variétés, La Géante affiche sa différence en toute humilité.
C’était une première et unique présentation à Montréal. Bien entendu, affichant salle comble.
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]