La pie voleuse
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 6 juin 2025
Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens.
Le Film
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Petit conte
de
la bonté ordinaire
L’Estaque, nord-ouest de Marseille, quartier privilégié de cette ville méditerranéenne qui décrit si bien les personnages de Robert Guédiguian, signant avec La pie voleuse (double signification lorsque vous verrez le film), son 24e long métrage.
Quasiment la même tribu quant aux comédiennes et comédiens, et comme chaque fois, « s’appropriant » de nouveaux, en fait de nouvelles, comme si, en s’intégrant au groupe, confirmaient que le cinéaste a l’intention de continuer son parcours marseillais et, pour ainsi dire, rendant son itinéraire cinématographique une sorte de journal intime en perpétuelle gestation.
Pas si bête que ça si on en juge l’ensemble de son œuvre pittoresque qui rappelle les classiques de Pagnol – mais inutile de nous pencher sur ce constat déjà repris par de nombreux critiques et senti par la majorité des spectateurs.
Ici, pourtant, un scénario qui peut porter à confusion, mais à y voir de très près, se présente comme le summum atteint dans le genre mélodrame : ces multiples situations qui, n’allant nulle part à leur entrée en scène, accumulent adroitement leur enchaînement doté d’une logique admirable.
Cela nous vaut des tours de piste étonnants de la part des comédiens, notamment venant de l’égérie Ariane Ascaride – sans dénigrer, bien entendu, l’apport de tous les autres.

Les factures et autres font partie de la vie de couple.
Les films de Guédiguian et celui-ci notamment, ont ceci de particulier que dans le quartier où a lieu le récit, le monde semble s’être arrêté et dans le film en question, toutes ces guerres actuelles qui traversent quotidiennement notre esprit quelle que soit le degré d’importance que nous leur accordant, cette fausse indifférence peut se voir comme l’impuissance à changer les choses. Les conflits, ce sont les chefs d’État qui les créent.
Et pourtant, des petits et grandes drames que vivent les protagonistes, ceux malgré tout composant cette famille guédiguianne pour qui le monde extérieur est loin, loin de ce que ces personnages vivent dans l’intimité.
Un cinéma de l’intime, certes, mais une intériorité remplie de silences, de blessures, d’amours incertaines, d’échecs et de petites victoires. Ce parcours humaniste dans l’œuvre du cinéaste, d’origine arménienne, doit sans doute cacher quelque chose de déchirant de ses racines, surtout lorsqu’on pense à la tragédie arménienne des années 20 du siècle dernier.
Comment ne pas citer l’extrait du poème de Victor Hugo, « Les pauvres gens », où Guédiguian, par le biais de ce qui pourrait être une anecdote, comme ça, en passant, ne fait que suggérer une mise en abyme de son propre cinéma, puisque cette élégie du grand auteur français, renferme à elle seule un message quasiment biblique qui renferme l’essence même du cinéma de Guédiguian. La bonté, une idée dépassée, constituant ici l’ouverture à un monde plus juste, droit et héroïque.
Sans doute que cela a façonner son esprit créatif et on ne peut le déceler qu’en observant de près les évènements qui constituent le film dans son ensemble.
Le chagrin (qui peut, dans un sens, expliquer le geste de Maria/Ascaride dans un de ses rôles les plus atypiques) n’est après tout qu’un geste de bonté. Rien de plus à révéler.
Certains critiques parlent souvent du récit, mais en ce qui me concerne, une critique n’est pas une étude de texte. C’est donc la mise en scène qui prévaut dans La pie voleuse, portée par une volonté quasi implicite de ne pas expliquer son parcours volontairement abrupt, se concluant par une séquence finale élaborée comme un décor de ville ensoleillée de la Méditerranée qui, malgré tout, peut être fière d’une Histoire (avec un grand H) où les différentes civilisations se rejoignent avec un même et unique but.
Comment ne pas citer l’extrait du poème de Victor Hugo, « Les pauvres gens », où Guédiguian, par le biais de ce qui pourrait être une anecdote, comme ça, en passant, ne fait que suggérer une mise en abyme de son propre cinéma, puisque cette élégie du grand auteur français, renferme à elle seule un message quasiment biblique qui renferme l’essence même du cinéma de Guédiguian. La bonté, une idée dépassée, constituant ici l’ouverture à un monde plus juste, droit et héroïque.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Robert Guédiguian
Scénario : Robert Guédiguian, Serge Valleti. Direction photo : Pierre Milon. Montage : Bernard Sasia. Musique : Michel Petrossian.
Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : français
La pie voleuse

Robert Guédiguian
Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique
[ Agat Films ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Visa GÉNÉRAL
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]