La prisonnière de Bordeaux

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 2 mai 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Rencontre de deux femmes fréquentant le parloir d’une prison de Gironde.

CRITIQUE
texte : Luc Chaput

★★★ ½

 

L’échappée belle

 

Une femme, offusquée de ne pas voir son mari incarcéré, s’écroule dans la salle d’attente.

Les longs métrages de prisons sont nombreux et souvent importants tels Sing Sing de Greg Kwedar dernièrement, et Le prophète de Jacques Audiard. Ici, le scénario à plusieurs mains renverse la proposition en s’intéressant aux épouses venues de près ou de loin visiter à l’occasion d’une séance de parloir leurs maris coincés là. Mina qui s’est trompé de date de rendez-vous doit retourner par train dans la ville dans laquelle elle a un emploi peu rémunéré d’où son esclandre.

Alma qui a compris le manège lui offre de passer la nuit dans sa grande propriété. Ancienne danseuse, membre de la bourgeoisie bordelaise, elle est donc une habituée du paraître et trouve en cette provinciale une interlocutrice différente plus mutique que ses commensaux du cru.

Une amitié fusionnelle qui échappe à toute intempérie.

Les rencontres subséquentes entre les prisonniers et leurs conjointes illustrent dans un cadre restreint l’écart entre les deux unions, l’un écoute, l’autre pas. Le chirurgien est désabusé, le voleur continue à vouloir s’en sortir. La mise en scène de Mazuy offre des fausses pistes symbolisées par cette ouverture chez un fleuriste dans laquelle le haut et le bas sont triturés dans une surcharge de couleurs que la cliente fortunée emporte à la maison. Le récit, étant donnée le contexte pénitentiaire, prend des allures de règlements de comptes mâtinés de cours d’histoire de l’art.

Isabelle Huppert, par sa luminosité intrinsèque au service d’un texte qui lui fournit plusieurs bons mots, offre un chatoiement de zones d’ombre et de lumière. Vingt ans après Saint-Cyr sur l’œuvre de madame de Maintenon, Patricia Mazuy revient différemment sur la nécessaire éducation des femmes et sur leur alliance souhaitable.

La photographie de Simon Beaufils capte avec précision les changements de lumière dans ce Sud-Ouest limitrophe de l’océan. Hafsia Herzi, déjà réalisatrice de Bonne mère, fait de Mina une ouvrière qui se demande dans quel but l’autre veut l’aider. Par son interprétation, elle rend compréhensible les mouvements du jeu de dames qu’elle relance. Isabelle Huppert, par sa luminosité intrinsèque au service d’un texte qui lui fournit plusieurs bons mots, offre un chatoiement de zones d’ombre et de lumière. Vingt ans après Saint-Cyr sur l’œuvre de madame de Maintenon, Patricia Mazuy revient différemment sur la nécessaire éducation des femmes et sur leur alliance souhaitable.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Patricia Mazuy

Scénario : Patricia Mazuy, Pierre Courrège, François Bégaudeau, avec la collaboration de Émilie Deleuze. Direction photo : Simon Beaufils. Montage : Mathilde Duyard. Musique : Amin Bouhafa.

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 48 min
Langue(s)
V.o. : français
La prisonnière de Bordeaux

Patricia Mazuy

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique
[ Les Films du Losange ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]