La vie invisible d’Eurídice Gusmão
Semaine 01
du Ven 03 au Jeu 09 jan 2020
SUCCINCTEMENT
Rio de Janeiro, 1950. Euridíce, 18 ans, et Guida, 20 ans, deux sœurs inséparables, vvivent chez leurs parents et rêvent, l’une d’une carrière de pianiste, l’autre du grand amour.
Primeur CRITIQUE de la semaine Élie Castiel ★★★★ Les sœurs appariées Ouvertement gai, ce qui est un acte courageux pour un cinéaste né d’une famille d’origine algérienne, plus particulièrement kabyle, donc habitée d’une culture machiste poussée à l’extrême, Karim Aïnouz appartient à cette catégorie de faiseurs d’images pour qui la « terre promise » se trouve en Occident, dans ces pays qui ont, dans plusieurs cas, libéralisé l’homosexualité depuis des décennies. Après une sorte de stage avec Todd Haynes sur Poison, comme assistant de casting et assistant monteur, il suit d’autres cinéastes qui partagent la même sensibilité, et signe son premier long métrage, Madame Satã (2002), récipiendaire de nombreuses récompenses et programmé à Un certain regard, à Cannes, la même année. Plutôt que féministe, La vie invisible d’Eurídice Gusmão est un film farouchement féminin, dans le sens le plus favorable du terme. Le mélodrame est ici au service du cinéma et non pas le contraire. Il s’agit d’un jeu de va-et-vient entre l’approche formelle (mouvements de caméra, cadres, plans diversiformes selon les circonstances du récit, choix chromatiques) et un récit qui ne cesse de nous surprendre malgré ses fausses prévisibilités; le cinémascope ou format 2.39 : 1, le plus courant en ce moment dans la majorité des films, s’inscrit dans une idée narrative selon laquelle l’horizontalité de cette histoire de sœurs sans doute mal aimées et séparées par la vie ne perd en rien de sa continuité même si les retours en arrière constituent un moyen de mieux explorer les personnages. Le roman éponyme de Martha Batalha – interdit dans son pays d’origine, le Brésil, jusqu’en 2016 – porte dignement son insigne cinématographique par le truchement de l’adaptation épistolaire qui, comme par un tour de magie, rejoint certains codes du mélodrame et de la télénovela. Ici, ces lettres qui tentent d’arriver à bon port – mais en dire plus éviterait de savourer une fin émouvante – se juxtaposent virtuellement à la mise en scène, elle, physique, pudique et dans le même temps charnelle. Aïnouz, se permet librement des sophistications où le bon goût l’emporte sur la vulgarité. Dans une perspective de Cinéma Queer, le film de Karim Aïnouz se situe dans cette sensibilité que possèdent certains cinéaste gais à capter adroitement la psyché féminine, un sixième sens qui se traduit, dans le cas en question, par l’instinct de survie. Et, intimement, si on observe convenablement, le choix des comédiens masculins, surtout les jeunes, est bien assumé (le marin grec…). Il y a deux comédiennes, Carol Duarte et Julia Stockler, les deux sœurs en question. Selon chaque ambiance filmée, elles passent de la lascivité la plus érotiquement palpable aux questionnements psychologiques et angoissant sur la famille et l’existence. Elles traversent également des décennies qui se présentent, à juste titre, comme des épisodes historiques d’un pays aux multiples régimes politiques et mouvements sociaux aussi encourageants que discordants. Unique façon de commencer la saison cinématographique hivernale et la nouvelle décennie du 21e siècle.
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FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Vendredi 03 janvier 2020
Réalisation
Karim Aïnouz
Genre(s)
Drame
Origine(s)
Portugal
Grande-Bretagne
Année : 2019 – Durée : 2 h 20
Langue(s)
V.o. : portugais, grec; s.-t.a. & s.-t.f.
The Invisible Life of Eurídice Gusmão
A Vida Invisíbel
A Vida Invisíbel de Eurídice Gusmãao
Dist. @
Eye Steel Films
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
[ Cinémathèque québécoise ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]