L’amour et les forêts

 PRIMEUR
Sortie
Vendredi 24 novembre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Quand Blanche croise le chemin de Grégoire, elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens qui les unissent se tissent rapidement et leur histoire se construit dans l’emportement. Fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

L’homme

qui n’aimait

pas beaucoup

les femmes

Ou qui croyait les aimer, pris dans l’engrenage de ses propres idées sur la vie de couple. Allant jusqu’à la psychose d’une forme exacerbée de jalousie, de ce délire de possession, de cette idée tordue de ce que sont ou ce que devraient être les rapports homme-femme.

L’amour et les forêts, le roman d’Éric Reinhardt, a séduit Valérie Donzelli, dont on sait son attachement pour l’étude clinique et affectif du couple, pour en faire une adaptation cinématographique. À Cannes, cette année, il a été présenté hors-compétition.

Suivant l’air du temps, le film aurait pu très bien s’intituler Anatomie d’une rupture, car c’est bien de cela qu’il s’agit. De cette brisure qui s’installe insidieusement dans l’amour à deux sans s’annoncer. Une sorte de pathologie affective qui s’installe petit à petit et que l’on ne sent pas dans ses premiers balbutiements, mais lorsqu’il est presque trop tard.

Les premiers gestes d’indélicatesse, les tensions qui montent de jour en jour sans qu’on s’en rende compte ou qu’on fasse semblant. Et puis, du coup, l’échec d’un amour qu’on croyait parfait, pur, intouchable.

En apparence, un amour comme les autres. Ou peut-être plus.

Le Donzelli, au même titre que le roman, est empreint néanmoins d’un romantisme qui ne laisse pas à indifférent, peut-être même un tant soit peu désuet, d’une autre époque alors qu’on le croyait perdu de vue ou reléguer aux calendes grecques et qui, au fond, ne l’a jamais été. Le romantisme plaît même s’il est, aujourd’hui, sujet à des bouleversements.

La cinéaste en fait la démonstration grâce à une mise en image distanciée, chose curieuse compte tenu du thème abordé. La caméra de Laurent Tangy – dont on se souviendra de son travail dans L’évènement d’Audrey Diwan – participe de ce jeu constant de correspondances visant à désorienter intentionnellement notre perception des choses.

Les amants, devenus couple; pour elle, un fait accompli; pour lui, une fusion qu’il faut constamment surveiller, au risque de perdre le meilleur de soi-même. La cinéaste participe de ce jeu de mise en scène puissant qui, à l’intérieur même de sa subtilité, caresse toutes les possibilités pour le couple, de s’effondrer.

[ … ] finalement, L’amour et les forêts est surtout un film sur le jeu, un instrument sensible, puissant même, une arme où l’improvisation peut parfois surprendre, étonner, à moins qu’il ne s’agisse d’une direction d’acteurs brillamment orchestrée. Soulignons la belle musique de l’infatigable Gabriel Yared.

Donzelli ou ces fausses impressions que nous traversons quotidiennement et que, dans les rapports affectifs, ne peuvent, selon les circonstances, que diluer notre rapport aux choses et à nos émotions.

Dans cette course contre deux forces opposées, le mari (excellent et versatile Melvil Poupaud) ne peut être tenu responsable de la tromper, trop pris dans l’engrenage de l’appropration de l’autre, comme s’il s’agissait d’un territoire à conquérir. Poupaud entre dans ce jeu formidable en forme de puzzle psychologique qui lui va comme un gant.

Dans cet enfer qui varie selon le quotidien, parfois donnant de faux espoirs, Virginie Efira, l’une des plus talentueuses et prolifiques comédiennes de sa génération, soumet son corps, son âme et l’indicibilité de son for intérieur à une sorte d’autopsie chirurgicale qu’elle va devoir assumer pour ensuite désamorcer. Ces variantes dans le jeu d’interprétation, elle les récupère avec assiduité pour les faire siennes.

Car, finalement, L’amour et les forêts est surtout un film sur le jeu, un instrument sensible, puissant même, une arme où l’improvisation peut parfois surprendre, étonner, à moins qu’il ne s’agisse d’une direction d’acteurs brillamment orchestrée. Soulignons la belle musique de l’infatigable Gabriel Yared.

Parmi les très beaux films de l’année dans le cinéma hexagonal.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Valérie Donzelli

Scénario
Valérie Donzelli
Audrey Diwan. D’après
le roman d’Éric Reinhardt
Direction photo
Laurent Tangy

Montage
Pauline Gaillard
Musique
Gabriel Yared

Valérie Donzelli

Genre
Drame psychologique

Origine
France
Année : 2023 – Durée : 1 h 44 min
Langue
V.o. : français

L’amour et les forêts

 

Dist. [ Contact ] @
Axia Films
[ Rectangle Productions ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]